Héritage - Grâce à un fonds, aussi dense que riche, constitué de génération en autre, la famille Guettaf représente la mémoire photographique de la ville de Boussaâda, cette "Cité du bonheur" immortalisée à travers des clichés d'une valeur inestimable et qui sont, par ailleurs, précieusement préservés. Située au détour d'une des artères principales du centre-ville de Boussaâda, le local de Lakhdar Guettaf, dont l'enseigne indique qu'il s'agit d'un photographe de portraits, est bien plus que cela: le lieu renferme une précieuse collection de clichés datant du siècle précédent et se rapportant à cette ville pittoresque de la Hodna: Des scènes de la vie quotidienne de cette époque révolue, des personnages locaux et autres, des édifices historiques maintenus dans leur usage depuis ou transformés pour une autre utilité publique, etc. L'on peut distinguer, entre autres, de vieux clichés de cireurs de chaussures, au milieu d'une placette publique, fréquentée par des passants indigènes en burnous et pieds nus, pour certains. D'autres, de bus à deux niveaux reliant Boussaâda à Bordj-Bou-Arreridj ou indiquant la fonction de "service des marchés", le tout rappelant l'ère coloniale et le joug de l'occupation française. Une autre photo, tout aussi bien conservée que les autres, renseigne sur la vocation initiale de l'actuel siège de la police judiciaire de la ville: celui-ci abritait un hôpital, tandis que l'on distingue dans un autre cadre-photo l'école de Sidi Thameur, datant du siècle précédent et destinée encore aujourd'hui à l'enseignement. Il en est de même pour des édifices comme l'hôtel "Les Oasis" et autres. Lakhdar Guettaf est également ravi de compter dans ses précieuses archives photographiques, des reproductions des œuvres originales d'Etienne Dinet datant de 1902 et qu'ils a pu se procurer en France. Autant de "documents" qui occupent les étagères des présentoirs en verre ou accrochés, pour certains, sur les murs de la propriété de ce passionné de photographie, héritée de son défunt père, Mohamed, et acquise au lendemain de l'indépendance."Mon père a appris tout jeune les rudiments de ce métier auprès d'un Espagnol durant la colonisation mais aussi de son propre père qui a été lui-même formé par un photographe français. Je garde encore en mémoire les conditions dans lesquelles il exerçait, comme l'absence de l'électricité et les moyens rudimentaires. A l'époque, Il était le seul photographe à Boussaâda et par conséquent, très sollicité", se souvient Lakhdar. Il se remémore, en outre, que durant les premières années de son apprentissage, le développement des clichés photos se faisait au moyen de plaques et les retouches à apporter d'un crayon spécial. e lancement de sa carrière, en solo, s'est effectué dès 1978 et aujourd'hui, tout comme son père en son temps, il est considéré comme étant le plus ancien photographe de la ville. Dans son activité, il est soutenu par son fils ainé qui a acquis, à son tour et par la même occasion, les principes de ce métier.