La ville d?Alger a perdu son lustre d?antan. Racim, qui l?a décrite dans son exquise intimité, les poètes, les voyageurs et les peintres, tombés sous le charme de son ineffable beauté, nous donnent le sentiment d?avoir glorifié une cité disparue. Jadis sensuelle et joyeuse, la cité, aujourd?hui, présente les signes d?une déliquescence qui, telle la tunique de Nessus, la défigurent inexorablement. Il suffit de jeter un coup d??il sur la Place des Martyrs pour s?en convaincre. Cette esplanade de 400 m2, située à la Basse-Casbah, reste un des quartiers emblématiques de cette ville. Belle, coquette et tellement conviviale, cette place avait un charme qui faisait sa renommée. Elle se trouve présentement dans un état lamentable. La fumée des véhicules empeste l?atmosphère. La saleté est partout. L?espace rétrécit comme une peau de chagrin. Des activités délictueuses se font au su et vu de tout le monde. La Place des Martyrs, qui renferme de nombreux sites et monuments historiques tels les palais, les mosquées anciennes et les bâtisses d?époque, voit ce patrimoine relégué au second plan. On ose à peine croire que ces lieux cultes auraient pu contribuer à l?existence d?une activité touristique fructueuse. Ce n?est pas le cas malheureusement. Évoquer la Place des Martyrs, c?est rappeler au lecteur tous les travaux coûteux, préjudiciables et inutiles qui n?ont nullement aidé à embellir sérieusement cet endroit. C?est autant de coups d?épée dans l?eau. Commençons, à titre d?exemple, par parler de cette dalle de sol qui la recouvre. Un véritable non-sens, ubuesque et révélateur d?une conception de l?urbanisme dénué de toute logique. Les chutes sont fréquentes et douloureuses. Un véritable traquenard. Ajoutons aussi l?érection de plusieurs kiosques dont on ne saisit pas l'utilité. L?insalubrité est partout. Il suffit d?arpenter le passage menant à l?Amirauté ou à la Pêcherie pour s?en convaincre. Des relents d?urine vous prennent à la gorge. Le désordre règne. Une multitude de marchands à la sauvette vous propose tissus, fruits, légumes, vêtements, chaussures, tabac, denrées alimentaires, cosmétique, pain, etc. L?ambiance est fiévreuse, fébrile. Le négoce gêne les passants, la circulation automobile. Parfois, il faut jouer des coudes pour se frayer un passage. Même les rues Bab Azzoun ou Bouzrina n?ont pas été épargnées. Les arcades sont squattées par une profusion de commerçants ambulants. L?atmosphère est étouffante. Des larcins se commettent et il faut s?armer de vigilance pour ne pas se voir délester de son portefeuille. Bref, chez beaucoup de personnes, le ras-le-bol, en particulier chez les commerçants dûment autorisés et possédant fonds de commerce. Au vu de la situation, il semble bien que les pouvoirs publics doivent intervenir pour remédier à cela en mettant un peu d?ordre et en faisant retrouver à cet endroit son calme et sa quiétude d?antan. Une fermeture qui dure Pour de nombreuses raisons, on constate souvent l?existence de magasins fermés ou livrés à l?abandon. Ils sont empreints de saleté et portent atteinte à l?hygiène publique (prolifération de rats, d?animaux errants, insectes et bestioles nuisibles?). Les pouvoirs publics sont interpellés, car il y a atteinte à la quiétude des citoyens et des riverains.