Comparaison n La dimension de Racim, en tant qu?artiste peintre et celle de l?architecture algérienne d?antan ont été décortiquées à la lumière des nouvelles technologies. Nuit de ramadan de Racim (et l?art algérien de bâtir) face à Femmes d?Alger dans leur appartement de Delacroix. Nasseredine Kassab et son épouse Tsouria, architectes et chargés de cours à l?Epau d?Alger, en décomposant ces tableaux en trois plans (en 3D), ont bâti leur étude sous le thème «de Mohamed Racim à Eugène Delacroix ou l?expression de l?image de la citadinité aux citadinités imagées». Le tableau Femmes d?Alger dans leur appartement a été réalisé deux années après le séjour de Delacroix à Alger, qui ne dura que trois jours. Tandis que Mohamed Racim, enfant du terroir, a vécu dans cette rue représentée dans son ?uvre. Miniaturiste, Racim a reproduit, au détail près, l?ambiance qui régnait autrefois dans la rue Sidi-M?hamed-Cherif, un carrefour de la vieille Médina, pendant une nuit de ramadan. La lune témoigne du 14e jour du ramadan. Les personnages en costume de sortie, les métiers d?antan, tel le porteur d?eau, sont présents dans l??uvre. Le regard va de l?intérieur vers l?extérieur de l?autochtone dans l??uvre de Racim, face au regard de l?extérieur vers l?intérieur de l?étranger qu?était Delacroix. C?est d?ailleurs le cas de tous les orientalistes en mal d?exotisme qui reproduisent l?Algérie dans leurs ?uvres. La scène que comprend le tableau de Delacroix est, certes, inspirée de la réalité, mais elle est imaginée, magnifiée, voire fantasmée. On y voit des femmes en costumes luxueux laissant voir des parties généreuses de leurs corps, contrairement aux femmes que Racim a peintes. Sur le plan architectural, Racim, dans Nuit de ramadan, ne néglige aucun détail : les terrasses, le minaret de la mosquée de Sidi-M?hamed-Cherif, les maisons qui communiquent entre elles et le port d?Alger avec la mer en arrière-plan, sans oublier la blancheur légendaire de la vieille cité d?Alger. «Il était important de remettre les choses à leur place», explique Kassab, et «de montrer les vertus de l?architecture algérienne», contrairement aux orientalistes qui représentèrent les terrasses en sens inverse. A souligner que cette étude a été présentée lors d?un colloque, en novembre 2005, en France, dans le cadre des échanges universitaires avec l?université Bordeaux 3. L?occasion était, pour ces architectes, de démontrer que «l?architecture de la Médina était loin d?être une "architecture de placage" comme la qualifiaient certains architectes occidentaux». C?est pour dire aussi que «le temps est la meilleure illustration de l?art de bâtir». Une démonstration qui a démasqué la vision néocolonialiste des architectes occidentaux, en particulier français.