Inspiration Des peintres, séduits par Alger, ville légendaire, l?ont magnifiquement immortalisée sur leur toile pour la postérité. Nombreux sont ceux qui, au cours du XIXe siècle, se sont intéressés à l?Algérie, terre aux multiples mystères et au charme si éblouissant. Nombreux sont ceux qui, à grande sensibilité poétique, sont tombés sous le charme d?Alger, emportés et transportés par ses effluves ; Alger, ville belle et énigmatique, ville qui, par sa richesse en lumière, en couleur et en contraste, a attiré une pléthore d?artistes, tous extrêmement fascinés par l?Orient, à la recherche de sensations inédites et fortes. Nourrissant le goût de l?exotisme et du beau, du merveilleux et de l?extraordinaire, ces peintres-voyageurs, tels Alfred Chataud, Théodore Frère, Nicolas de Chacaton, Josephe Sintes et bien d?autres orientalistes, ont consommé l?idylle sous le charme du ciel et sous le sortilège du soleil algérien, dans cet Orient magique, mythique, onirique, dans cet horizon qui recèle des impressions nouvelles, de nouvelles expressions. Alger les a capturés, envoûtés, et a fait naître en chacun d?eux ce désir si fort de l?immortaliser sur leur toile aussi bien dans sa beauté élégante que dans son allure provocatrice. Ils transformèrent en de véritables chef-d??uvres ses paysages, ses décors urbains ainsi que ses personnages. El-Djazaïr apparaît dans ses plus beaux et riches atours, dans des moments et lieux aux senteurs parfumées et aux saveurs veloutées. Les peintres, devenant conteurs à leur manière, par le pouvoir du pinceau et par la féerie des couleurs chatoyantes, racontent dans leurs tableaux des épisodes de la vie, des scènes du quotidien, des instants intimes dits ou chuchotés avec un soupçon de poésie. Toutefois, Alger, telle qu?elle était représentée par le regard de ces peintres voyageurs s?inscrivant dans la mouvance orientaliste, ne subsiste plus en ces temps où l?indifférence la fait choir dans la négligence et l?oubli : Alger, un musée à ciel ouvert, offrant un aspect urbain et un ensemble architectural d?une grande valeur historique et témoin du passé sombre dans la détérioration. Délaissée picturalement, elle tombe dans l?oubli ; mal entretenue, assaillie chaque jour par un amas de détritus, Alger n?inspire plus, elle suscite pitié et désolation. D?antan, il ne reste plus rien d?Alger, sauf quelques vestiges tombant en ruine, quelques souvenirs évasifs, quelques vieilles images, ainsi que quelques anciennes illustrations nous faisant cependant si bien rêver et si admirablement imaginer El-Djazaïr, de ces temps pittoresques, source de création artistique.