Protestations - L'Observatoire marocain des prisons (OMP) a exprimé hier ses «vives inquiétudes» sur l'état de santé des détenus du mouvement de contestation populaire «Hirak» du Rif en grève de la faim pour réclamer leur libération. Dans un communiqué, l'OMP a dit suivre avec «préoccupation» le cas des détenus du mouvement contestataire qui agite le Nord du Maroc en grève de la faim, en particulier ceux transférés d'Al-Hoceïma - ville du Nord du Maroc et épicentre du mouvement - vers les prisons de Casablanca, Fès, Taza et Taourirt. L'ONG appelle l'administration pénitentiaire à «ne pas faire pression sur les grévistes et à ne pas les menacer», à leur garantir «un suivi quotidien» et à «respecter la dignité de leurs proches», est-il encore écrit. Le mouvement de contestation a démarré en octobre 2016 à Al-Hoceïma et les localités voisines, à la suite de la mort tragique du vendeur de poissons Mohcine Fikri, broyé dans une benne à ordure alors qu'il tentait de récupérer sa marchandise saisie par la police, pour demander le développement économique de cette région. Selon Human Rights Watch (HRW), 216 personnes sont aujourd'hui derrière les barreaux, dont 47 en attente de jugement à la prison de Casablanca et 169 ont déjà été condamnées ou sont en attente de jugement à la prison d'Al-Hoceïma. Selon le secrétaire général de l'OMP, Abdellah Mesdad, cité par la presse marocaine, 37 détenus ont entamé une grève de la faim depuis une dizaine de jours, parmi lesquels Nabil Ahamjik, considéré comme le numéro 2 du mouvement, l'activiste Mohamed Jelloul ou encore le journaliste Hamid El-Mahdaoui, récemment condamné à un an de prison. Le 25 juillet, M. Mahdaoui avait été condamné en première instance à trois mois de prison ferme et à une amende de 20 000 dirhams (1 800 euros). Il avait été arrêté le 20 juillet à Al-Hoceïma, dans le Rif, puis jugé pour avoir appelé à prendre part à une manifestation interdite dans cette ville. Il est poursuivi également pour «non dénonciation d'un crime portant atteinte à la sûreté de l'Etat», avec un procès prévu le 2 octobre. «Pour ce chef d'accusation, il encourt une peine allant de deux à cinq ans de prison ferme», s'est alarmé l'organisation Reporters sans frontières (RSF) qui a dénoncé un «verdict incompréhensible» après sa condamnation en appel à un an de prison, appelant la Cour qui avait en sa possession des preuves tangibles de son innocence à sa libération immédiate. Très actif sur les réseaux sociaux, M. Mahdaoui est connu pour ses prises de position tranchées contre le pouvoir marocain et ses vidéos diffusées sur Youtube dans lesquelles il commente l'actualité.