Constat - Le 22e Salon international du livre d'Alger (Sila), qui a fermé ses portes hier, aura été marqué par une profusion de publications littéraires éditées par de jeunes auteurs, devant une faible participation des professionnels du livre et un programme sans grande nouveauté. Les visiteurs de ce salon avaient rendez-vous avec des rencontres thématiques sur l'histoire, la littérature et l'édition, autant d'activités où les professionnels du livre, universitaires et étudiants ont brillé par leur absence, comme pour l'espace «Esprit Panaf», constatent les observateurs. Créé en 2009, le stand «Esprit Panaf» est censé faire connaître la littérature africaine, ses auteurs et le monde de l'édition sur le continent. De même que pour les précédentes éditions, les organisateurs ont choisi de reconduire les mêmes thèmes, souvent avec les mêmes invités, dans des espaces qui n'ont pas été mis en valeur, relèvent-ils en guise d'exemple. Les stands des éditeurs qui ont programmé des ventes-dédicaces n'ont, quant à eux, pas désempli depuis l'ouverture du salon au public. Ces séances, qui connaissent un succès grandissant d'année en année, permettant aux lecteurs de rencontrer leurs auteurs préférés, se sont transformées le plus souvent en de longs débats sur les œuvres de ces écrivains. A l'occasion du Sila-2017, les éditeurs ont proposé près de 200 nouveaux romans, premières œuvres pour l'essentiel et majoritairement écrites en arabe. Une «profusion» saluée par des spécialistes qui restent cependant prudents sur la qualité et le contenu de ces œuvres, attendant de voir le talent d'écriture de ces jeunes auteurs se confirmer. Plus de 314 maisons d'édition algériennes ont participé au 22e Salon du livre. Des espaces comme ceux réservés au Tna (Théâtre national algérien), à l'Office des droits d'auteurs (Onda) ou encore au Centre national du livre (Cnl) n'ont quasiment proposé aucune activité, hormis des ateliers pour enfants. Le Colloque international sur l'œuvre de Mouloud Mammeri, pour commémorer le centenaire de la naissance de cet acteur majeur de la culture algérienne du XXe siècle, aura constitué l'évènement marquant de ce rendez-vous annuel avec le livre. Organisé par le Haut commissariat à l'amazighité (Hca) en marge du 22e Sila, le colloque réunit une trentaine d'universitaires d'Afrique et d'Europe, en outre des Algériens autour de l'œuvre riche de l'écrivain, linguiste et anthropologue. Les intervenants se sont penchés sur la pensée et la démarche du précurseur dans la recherche scientifique, appliquée à la culture dans sa relation avec l'identité. Le rôle «fondateur» de Mouloud Mammeri dans la naissance de la recherche anthropologique sur la culture amazighe ainsi que la formation, dès la fin des années 1960, de jeunes chercheurs spécialisés algériens, a également été analysé par les participants. Une partie des travaux du colloque est dédiée à le revue Awal (la parole). Cette publication, fondée par Mammeri en 1984 et qu'il dirigea jusqu'à sa disparition en 1989, reflète toute sa pensée et sa dimension universelle, l'intérêt porté, au-delà de l'Algérie, à toute la sphère géographique de la berbérité, ainsi que la place réservée à la traduction, la poésie, la littérature et le théâtre, toutes ces disciplines que son champ de recherche a embrassées.