Mœurs - Dans certaines familles bourgeoises en France et aux Etats-Unis, on se fait un immense plaisir de proposer son chien ou sa chienne à un concours de beauté. La manifestation n'est pas une simple opération de défilé des maîtres tenant en laisse leur animal. Depuis des temps immémoriaux certains animaux sont les compagnons fidèles des hommes, entre autres le chien, le cheval et le faon. Commençons si vous le voulez bien par le chien. Dans les pays occidentaux, il tient une place particulière dans la société et tout spécialement dans les familles. En France, par exemple, un foyer sur trois, peut-être même sur deux, a un chien. L'animal ici est bichonné matin et soir, soigné, nourri et aux petits soins. Des sommes importantes lui sont consacrées dans le budget de la famille en cosmétiques, en shampooing, en nourriture spéciale «wiskas». Les femmes dans ces milieux sortent rarement sans leur «chihuahua» pomponné, lavé, parfumé et même parfois «habillé» comme pour une cérémonie. Dans certaines familles bourgeoises en France et aux Etats-Unis, on se fait un immense plaisir de proposer son chien ou sa chienne à un concours de beauté. La manifestation n'est pas une simple opération de défilé des maîtres tenant en laisse leur animal. C'est une rencontre animée par des professionnels, et à laquelle sont conviés des dizaines de journalistes de la presse écrite et télévisée, ainsi que des autorités locales et politiques. Au terme de cette rencontre chaudement applaudie par l'assistance, des prix sont remis aux maîtres et même des tableaux d'honneur. Dans ces milieux super favorisés, quand un chien meurt, surtout lorsqu'il a longtemps vécu aux côtés de son maître, une petite statue lui est dédiée qui rappellera à tous les membres de la famille sa silhouette et son souvenir. Dans quelques foyers américains, le chien, qui fait partie intégrante de la famille, joue avec les enfants, flotte sur l'eau de la piscine et accompagne quelquefois les enfants jusqu'à la porte de l'école ou du collège. Quand il meurt, ses maîtres l'enterrent dans un cimetière spécialement réservé aux chiens. Sur ce plan, nous rappelons les vœux d'un important industriel allemand qui a laissé toute sa fortune et tous ses biens à son chien, avec un notaire pour l'exécution à la lettre de son testament. L'homme aurait laissé des millions de deutschemarks (l'euro à l'époque n'était pas encore en circulation) à son berger allemand dans le seul espoir de lui assurer de beaux jours. Comme nous allons le voir dans les chapitres suivants, nous n'avons pas la même conception du chien ici chez nous et dans tous les pays musulmans. Croyances et méfiance Rejet - Chez nous, dans les milieux traditionnels et qui suivent leur dogme avec la plus grande précision, les chiens sont bannis d'office de la maison et même du quartier. Selon eux, ils sont impurs. En Algérie, les choses sont sensiblement différentes. Dans les grandes villes et les importantes cités, les foyers et les familles possédant un chien ne sont pas «des masses», comme on dit. Dans ces milieux, on adopte un chien un peu pour la frime, sauf les propriétaires de villa qui se font un devoir d'élever et d'entretenir le plus méchant d'entre les bêtes afin d'éloigner les maraudeurs. Nous n'avons pas la même perception du chien que l'Europe. Dressé, il aide les non-voyants à circuler et les protège. Ce genre d'animal est particulièrement préparé pour ce job. Beaucoup plus au Nord, à la limite des pôles, les chiens servent à tirer des traîneaux. Ils sont résistants de par leur nature et peuvent supporter n'importe quelle température. Depuis quelques années, les Européens ont mis à profit les dons exceptionnels de certains chiens pour créer des brigades de maîtres-chiens que les pouvoirs publics utilisent dans les douanes (recherche de stupéfiants) et surtout dans la police. Grâce à leur sens développé du flair, ils arrivent à retrouver la trace d'assassins sur les scènes de crime. Chez nous, dans les milieux traditionnels et qui suivent leur dogme avec la plus grande précision, les chiens sont bannis d'office de la maison et même du quartier. Selon eux, ils sont impurs et risquent de salir, par leur impureté justement, leurs vêtements. Dans ce cas précis, ils recommandent de recommencer les ablutions. En revanche dans nos campagnes, les chiens, que l'on appelle communément «kleb eddouar», c'est-à-dire les chiens du douar, sont forcément féroces. Vous ne pouvez accéder au douar qu'en compagnie d'un habitant, dans le cas contraire, vous êtes sûrs d'être déchiqueté. C'est ce qui est souvent arrivé au cours de la Guerre de Libération nationale quand les soldats français pénétraient dans certaines dechras sans précaution. Beaucoup y ont laissé leur vie. Il faut cependant préciser que la race de «sloughis» que nous connaissons parfaitement dans notre pays a définitivement disparu de la scène. La fidélité des chiens aux hommes, quel que soit leur pedigree, est une certitude bien établie. On ne compte pas le nombre de chiens qui refusent de quitter le cadavre de leur maître, le nombre de chiens volés qui reviennent des mois, voire des années plus tard au foyer de leur maître. Dans les champs ou sur les terrains de bataille Tradition - Les «fantasias» exécutées lors de certaines Fêtes nationales ou à l'occasion de cérémonies politiques (comme l'accueil d'un chef d'Etat) donnent toujours à la manifestation un air solennel et de prestige. Il y a quelques siècles, les chiens, ou plutôt certaines races de chiens étaient considérées comme des compagnons de luxe en Europe. Il n'y avait pas un souverain dans le vieux continent qui n'avait pas sa propre meute et son chef était toujours aux pieds du souverain en hiver, près de la cheminée. Cette meute, que les rois chérissaient plus que tout, leur servait pendant leurs chasses à courir, rabattre et ramener les perdrix tuées. Dans ces parties de chasse deux animaux sont particulièrement appréciés et choyés : le chien et le cheval. Ce dernier a occupé une place de choix dans le cocon des hommes. Les armées du pharaon l'utilisaient déjà pour leurs chars pendant la guerre. Dans toutes les guerres qui ont eu lieu dans le monde, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, le cheval était partout présent, sur tous les champs de bataille. Des millions de chevaux ont été tués pendant les deux guerres mondiales et la campagne de Russie menée par Napoléon au début du XIXe siècle. Le cheval est considéré en Algérie comme un animal noble, non pas de compagnie, il est trop grand, mais plutôt comme un compagnon fidèle sur qui on peut compter. Au point d'ailleurs que les cavaliers ont cristallisé autour de lui tout ce qui a trait à leur honneur. Dans certaines régions du pays, ils jurent sur leur cheval ou sur leur fusil «brass aoudi». D'ailleurs, les «fantasias» exécutées lors de certaines fêtes nationales ou à l'occasion de cérémonies politiques (comme l'accueil d'un chef d'Etat) donnent toujours à la manifestation un air solennel et de prestige. Ailleurs, en Amérique, que ce soit les Sioux, les Mohicans, les Apaches ou n'importe quelle nation indienne, tous les hommes et toutes les femmes de leurs tribus montent parfaitement à cheval. Seule la façon de le seller et de le monter peut changer. Les films western américains habitueront les spectateurs aux chevaux, à leur charge et surtout à leur docilité. Dressé comme un animal de force ou de cirque, le cheval de Zorro est capable, à l'écran, de tous les prodiges. Les Arabes du Moyen-Orient, contrairement à la carte postale qui leur colle à la peau du dromadaire marchant sur les dunes, adorent le cheval. Le nombre de ces nobles bêtes est phénoménal entre Abu Dhabi, Dubaï, le Koweït et les Emirats arabes unis. Des médecins spécialistes, venus souvent d'Europe à grands frais de devises, veillent sur eux matin et soir. Parce que la race est unique au monde, le cheval arabe est généralement léger, rapide et tout en muscles. Les émirs se l'arrachent sur les marchés et les pistes de courses, les Européens aussi. Plusieurs fois premiers, certains chevaux peuvent valoir jusqu'à 2 millions de dollars. Au rythme des saisons Environnement - Il est absolument hors de question en ville, en tout cas invisible, la pollution de l'air provoquée souvent par les cheminées d'usine et les nuisances sonores empêchent les citadins de prêter l'oreille ou de voir quoi que ce soit à ce niveau. Sans être nos compagnons ou nous tenir compagnie, certains animaux nous sont tellement familiers qu'ils font partie de notre décor quotidien, de notre environnement même. Cela est à peine perceptible en ville, mais c'est à la campagne que les choses sont les plus visibles et les plus audibles. Le chien, par exemple, indépendamment de ceux qui ont été dressés pour des tâches précises, sont capables de donner l'alerte et d'avertir de l'arrivée d'un danger. Dès qu'une meute commence à aboyer en même temps et de plus en plus fort, vous êtes sûrs qu'un ou plusieurs étrangers au douar ont violé l'espace de la communauté. Ici dans l'arrière pays, certains animaux annoncent même les saisons. L'hirondelle, par exemple, précède le printemps de quelques jours à peine, ainsi que la fauvette et le rouge-gorge. Ce genre de choses est absolument hors de question en ville, en tout cas invisible, la pollution de l'air provoquée souvent par les cheminées d'usine et les nuisances sonores empêchent les citadins de prêter l'oreille ou de voir quoi que ce soit à ce niveau. Les cigognes par contre, qui reviennent des régions chaudes comme Ghardaïa ou le M'zab s'implantent plus au Nord, tous les sites tempérés comme le littoral ou même certaines régions humides des Hauts-Plateaux. C'est à partir de la fin mai et du début juin que des milliers de cigognes se déploient et émigrent vers le Nord où elles retrouvent leur nid sur les toits des maisons et leurs cheminées. Les plus jeunes commencent par construire brindille après brindille le nid de leur futur foyer. Il n'est pas un village, un lieu ou une dechra qui n'a pas sa petite colonie de cigognes en été. L'automne aussi est réglé dans les campagnes par le retour en groupe des cigognes vers le Sud où les températures sont chaudes et supportables, alors qu'au Nord le froid commence à sévir. Curieusement aucun animal n'annonce l'hiver sauf peut-être la disparition des fourmis qui se terrent, ou l'arrivée en masse dans la bande littorale de milliers de mouettes qui fuient le mauvais temps et donc la misère marine. Tous ces animaux ne sont pas étrangers aux hommes mais ne peuvent à aucun moment lui tenir compagnie ou être carrément des compagnons. Beaucoup plus que le chameau, qui reste le moyen de transport idéal dans les dunes du désert, le faucon a toujours été l'ami des bédouins. C'est le seul rapace qu'ils élèvent et qu'ils bichonnent compte tenu de sa force et de son agilité pour la chasse. Mystère De tous les animaux qui entourent l'homme, le chien est sans doute le plus fidèle en amitié. Le nombre de téméraires qui ont été sauvés par des chiens alors qu'ils grimpaient des montagnes neigeuses ou exploraient des fractures terrestres est inimaginable. Lorsqu'un séisme secoue une cité ou une agglomération ce sont encore les chiens qui viennent à la rescousse en reniflant dans les décombres à la recherche de la moindre trace humaine. Nous avons tous en mémoire l'histoire de ce chien qui a été volé la nuit à ses propriétaires. Les chapardeurs l'ont emmené vivre à 150 kilomètres plus à l'est de son domicile. Six mois plus tard, le fidèle fox terrier retrouva ses maîtres qui se sont toujours demandé comment l'animal avait fait pour retrouver son chemin. C'est un mystère qui n'est pas pédigréeêtre élucidé.