Résumé de la 2e partie Le grand-père se met à tirer sur sa famille et, là-dessus, les gendarmes arrivent. Alors, les gendarmes repartent chercher le maire. Le maire n'arrive à rien et suggère d'aller chercher les pompiers. Il est déjà six heures du soir ; voilà plus de dix heures que le grand-père est sur son tilleul, et il n'a toujours pas cédé. On repart donc chercher les pompiers tandis que le vieux Rémy tire un peu, de temps en temps, pour alimenter le débat. Ce diable d'homme a dû prendre de quoi tenir un siège. Enfin, les gendarmes, le maire et les pompiers réunis, casqués, cernent le tilleul et envoient un émissaire de génie. Le meilleur qu'ils aient trouvé : le curé du village. lls se sont dit qu'il n'oserait pas tirer sur le curé. Jusqu'à présent, il n'a blessé personne, mais à force de viser à côté, il finira bien par estropier quelqu'un. Mais il n'osera pas tirer sur le curé. Non. Il n'osera pas... Si. Il ose. Devant les pieds, comme d'habitude, à quelques mètres de la soutane. Mais le curé ne s'arrête pas pour autant. Il en a vu d'autres, et l'importance que revêt soudain son ministère le pousse à marcher courageusement jusqu'au pied du tilleul, au mépris du tireur embusqué. Comme un saint héros que Dieu regarde. «Alors, Rémy ? Si tu veux encore me tirer dessus, maintenant tu ne peux plus faire exprès de me rater.» Et le curé relève l'échelle et grimpe dans le tilleul en retroussant sa soutane. Sa tête, puis ses épaules, puis ses pieds disparaissent dans le feuillage. On les entend parler, tous les deux, le grand-père et le curé. Cela a l'air d'une conversation presque normale après les hurlements de tout à l'heure, et tout le monde respire ; la situation se détend pour la première fois depuis le matin. Le curé va le calmer, c'est sûr. Le vieux a toujours respecté la religion. «On aurait dû y penser plus tôt !» dit la famille, soulagée. Un bon quart d'heure passe encore. Puis le curé redescend et annonce : «Il s'est confessé.» Les assiégés restent bouche bée. Le grand-père s'est confessé, là-haut, dans le tilleul, avec son fusil, à cheval sur une branche ? En voilà une idée ! «Il s'est confessé, et il a dit que tout le monde s'en aille. Tout le monde, même la famille, et qu'on lui laisse une heure pour réfléchir. Il m'a promis de réfléchir. Je reviendrai le chercher moi-même. Ayez confiance, il sera raisonnable. Mais faites ce qu'il demande. Pour son orgueil, vous comprenez ? Respectez-le.» A présent, le tilleul est silencieux au milieu du pré, et la maison est vide. Toute la famille s'est réfugiée dans la maison voisine, à cinq cents mètres de là, respectant le désir du grand-père. Il fait nuit. Le grand-père a-t-il pris le temps de réfléchir ? Et qu'avait-il dit en confession ? La ferme fut presque totalement détruite par l'incendie qu'il alluma soigneusement en cinq points différents. Et ce, malgré la présence des pompiers. Fut-il pris par les flammes qui dévorèrent la grange, ou avait-il choisi de s'y enfermer ? Personne ne réussit à en ouvrir la porte avant qu'il ne soit trop tard. Qu'avait-il dit en confession ? C'est un secret. Il faut respecter les secrets. Le vieux grand-père dort depuis ce jour dans un petit cimetière du Morvan. Non loin de sa ferme brûlée, que personne ne reconstruisit jamais. On en fit une autre. Sur sa tombe, il y a une croix de pierre et deux dates : 1861-1936. Rémy Mangeot. Même le tilleul a disparu. On dit qu'il a été touché par la foudre, la même année. Mais les survivants ont toujours besoin d'un peu de légende supplémentaire.