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Histoires vraies
La ferme du silence (2e partie)
Publié dans Info Soir le 02 - 10 - 2003

Résumé de la 1re partie Les Baneke, des fermiers, reçoivent les gendarmes qui sont venus enquêter sur la disparition, depuis 15 jours, du père Baneke.
Elise s?occupe des bêtes. Le gendarme la connaît bien, elle aussi. Elle a quitté la ferme de ses parents, à dix kilomètres de là, pour épouser Louis. Et, mis à part le jour du mariage, sa vie n?a pas changé. Les poules, I'étable, le lait, les fromages, le jardin, l?occupent toute la journée, de six heures du matin à neuf heures du soir.
Louis entrouvre la porte, et un vent glacial s?engouffre dans la cuisine. Il siffle comme on sifflerait un chien, et l?on entend de loin la voix d'Elise en réponse : «Ho !». Quand elle rejoint les autres, en essuyant ses deux mains bleues de froid sur son tablier, le gendarme s'en va.
«Bon, ben, je vous laisse à la soupe. Si on a des nouvelles, je vous préviendrai.»
Elise, vingt-cinq ans, les cheveux tressés bas sur la nuque, les joues rouges, est la seule à dire au revoir au gendarme. Les deux frères font un signe de la main, la mère boit déjà son bouillon à petits bruits.
La ferme est grande. Quatre vaches, deux cochons, un poulailler important, et des champs à perte de vue. C?est le père, Johan ? soixante-quinze ans, disparu depuis quinze jours ? qui l?a toujours dirigée. C?est lui qui vendait les récoltes, comptait les sacs de noix et les fromages, surveillait le mûrissement des poires au cellier, menait les veaux à la foire et les vaches au taureau. Les fils, quant à eux, font le travail de la terre. La mère cuisine, lave, repasse, épluche, prépare des conserves. La belle-fille fait le reste. Pas une minute de leur vie ne se perd. Et le soir, après la soupe et le fromage, chacun regagne son lit en silence.
Seul Louis a de la compagnie, puisqu?il est le seul marié. La mère a sa chambre au grenier. Le père a la sienne au rez-de-chaussée près de la cuisine. Où dort-il à présent ? Ni les fils ni la mère n?en parlent. Lorsqu'il est apparu évident, au bout d?une semaine, que le père ne rentrerait pas de sitôt, que cette fugue-là était plus longue que les autres, la mère a simplement dit :
«Pierre, Louis, allez vous renseigner en ville. Il le faut.» C'est elle aussi, la deuxième semaine, qui leur a dit :
«Faut voir les gendarmes, on sait jamais.»
Le gendarme est venu, puis reparti. Il est revenu à nouveau, et à nouveau. Les mois, deux ans ont passé, sans nouvelle du fermier Johan. A la ferme, personne n?a manifesté de chagrin. Personne n?a tenté de chercher plus loin que l'explication du début : le vieux Johan est parti avec l'argent de la récolte de pommes de terre. Depuis le temps qu'iI faisait des fugues, depuis le temps qu'il dépensait en ville l?argent d'une saison avec une ou deux filles de trottoir en se soûlant et en hurlant dans les rues, cela devait arriver. Plusieurs fois, il était même allé jusqu?à Bruxelles, à Ostende, à Bruges. Il partait toujours sans rien dire, et rentrait sans rien dire. Car il n?y avait rien à dire. Cet argent était à lui. Une fois le partage fait avec ses fils, le reste ne regardait que lui.
Même la mère ne posait pas de questions. Depuis cinquante ans, elle n?en posait jamais. Il allait hurler en ville, comme les loups à la lune, elle restant silencieuse à la ferme, avec ses fils.
Comme il y a deux ans, la mère est assise près de la cuisinière à bois. Les mains croisées sur ses genoux, le front baissé, elle écoute le gendarme. On sent dans sa manière de s'asseoir qu?elle n?en a pas l?habitude, le corps est en éveil, prêt à quitter ce repos insolite pour repartir au travail. La mère ne mourra pas assise. Elle n?aura jamais de repos. Elle a soixante-quatorze ans maintenant. Pierre et Louis sont debout près d?elle. Elise regarde par la fenêtre. Le gendarme ne s?assoit pas.
«On a peut-être des nouvelles... graves?»
Pierre et Louis ont un élan vers leur mère qui ne bouge toujours pas. C'est Elise qui demande :
«On l?a retrouvé ?
? C?est possible, pas sûr...
? Il est mort ?
? Celui qu?on a retrouvé est mort. Il a été repêché dans le port à Ostende. Il y était depuis deux mois environ. Ça ressemble à la description, il va falloir aller l?identifier.»
Le silence est pesant. Un silence qui n'apprend rien sur les sentiments des uns et des autres. La mère n?a toujours pas bougé. Le gendarme se racle la gorge.
«On a reçu une photo du cadavre à la brigade, vous pourriez la voir, mais ce ne sera pas suffisant?» (à suivre...)


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