Défi Ayant pour seule devise cette profonde foi qui l?anime, Leïla Ouridjel, gérante de la boîte On Live Evénement, a tenté l?expérience exaltante de ramener pour la première fois un cirque en Algérie. InfoSoir : Un cirque italien en Algérie peut paraître comme une idée originale, géniale et incongrue à la fois. Comment vous est venue cette idée ? Leïla Ouridjel : J?ai eu l?occasion de voir plusieurs cirques dans ma vie, c?est un monde magique et fantastique. Il en existe partout, dans tous les autres pays, pourquoi pas en Algérie ? Une génération entière a été privée de ce rêve, de cette attraction éducative fabuleuse. Nous voulons, à travers cette première, faire revivre la tradition du cirque. Nous en ferons même un rendez-vous annuel. Notre objectif à long terme est la création d?une école des métiers du cirque qui pourra répondre à un complément socio-éducatif. Vous attendiez-vous à ce succès grandiose alors que l?Algérie a vécu des moments pénibles qui ont isolé sa population ? Autour de moi, les gens m?apaisaient en me disant que j?allais réussir, mais je n?étais pas assez sûr. Lorsqu?on ose réaliser ce que l?on veut pour la première fois, nous avons tous peur et c?est tout à fait normal, mais cela ne doit pas nous arrêter pour autant. Il faut persévérer pour atteindre son objectif dans la vie. Le regard étranger ne vous a-t-il pas porté préjudice d?une certaine façon, car le terrorisme a, faut-il le rappeler, terni l?image de l?Algérie ? A partir du moment où l?on se dit que rien n?est possible, on ne peut avancer. Tout est possible, il suffit d?y croire et de se battre ensuite. Livio, le représentant du cirque italien, a adhéré à cette conviction. Il est venu en Algérie, il a fait son propre constat et tout comme moi il a cru profondément en ce projet. Comment votre choix s?est-il porté sur un cirque italien et pas sur un autre, et en particulier El-Florilegio ? J?ai fait toute une tournée en Europe pour approcher plusieurs cirques et choisir celui qui nous convient. Le jour où j?ai vu à Calais El-Florilegio, j?ai été séduite. Les camions et les caravanes sont sublimes et les artistes sont talentueux. L?entrée du chapiteau est déjà un premier spectacle. Lorsque nous préparons un événement d?une telle ampleur, il ne faut jamais négliger le goût et la nature du public, il nous fallait un humour et un spectacle qui nous conviennent. Un cirque suisse n?a rien à voir avec l?humour méditerranéen par exemple. Avez-vous rencontré des obstacles pour empêcher votre projet ? J?avoue que c?était très compliqué. La culture en Algérie est un secteur qui subit un monopole «déguisé». Il existe une vacuité flagrante et des retards dans l?application de la réglementation en vigueur. Des efforts considérables ont certes été fournis, mais ça reste insuffisant. Quelles épreuves avez vous affrontées ? Je ne règle jamais mes problèmes par le biais de la presse. J?ai surmonté d?énormes difficultés qui ont freiné mon projet et l?on m?a retardé de 2 ans. Nous sommes dans un pays où des esprits malveillants n?ont pas envie que l?Algérie évolue sur le plan culturel. C?est dur de travailler dans la légalité, il m?a fallu 2 ans pour le faire. Vous avez vécu à l?étranger, mais vous êtes revenue déterminée à investir en Algérie, pourquoi ? Je suis partie pour revenir. J?ai vu ce qui se passait ailleurs pour avoir une expérience personnelle et en faire profiter mon pays. L?Algérie je l?ai dans le sang. Je fais ce que j?aime. Faire ce qui nous passionne dans la vie, nous le payons très cher.