Idéal «Lorsque j?étais enfant, je ne rêvais pas de devenir médecin ou ingénieur, mais de faire un métier qui me permettrait d?aider les gens.» Celui qui parle est agent de la Protection civile depuis déjà une vingtaine d?années et, chaque ramadan que Dieu fait, il se réjouit de pouvoir se rapprocher encore davantage du Créateur en faisant ce métier qui le pousse souvent à mettre sa vie en péril pour sauver celle des autres. Aujourd?hui, Omar fait parie de l?équipe de permanence. Et, contrairement à ce que l?on pourrait penser de quelqu?un qui sera obligé de rompre le jeûne loin de sa petite famille, il semble plutôt content, voire heureux de pouvoir «gagner quelques hassanete», comme il l?avoue. «N?est-ce pas le mois idéal pour faire du bien et accomplir ses devoirs», s?interroge Omar, dégageant une foi qui lui va sur mesure comme cet uniforme. «Etre de permanence pendant le ramadan et intervenir au moment précis pour prêter assistance à des gens en danger constitue pour moi un cadeau divin qu?il faut savoir rentabiliser». Et lorsqu?on lui demande comment il fait pour rompre le jeûne, Omar sourit et laisse trahir une petite surprise : «Vous savez, c?est une question que me posent souvent la famille et les copains. Et moi, je ne comprends pas qu?on puisse continuer à penser que ce mois est celui de la consommation. Pensez-vous qu?on puisse manger lorsqu?on voit les autres en danger ? Certes, on rompt le jeûne avec quelques dattes et du lait, mais on n?est pas toujours obligé de manger à sa faim», explique-t-il, notant que souvent, au moment de la rupture du jeûne, ses camarades et lui doivent intervenir. «Notamment dans des cas d?accidents de la route», précise-t-il. «Nous avons pratiquement chaque jour des interventions à ce moment précis de la journée et nous oublions carrément la rupture du jeûne», poursuit-il. «Les retardataires se sentent obligés d?être à table dès l?appel du muezzin, alors ils se mettent à faire de la vitesse souvent au détriment de leur vie. C?est dommage que ça se passe comme ça», regrette notre agent de la protection civile. En fait, plus on avance dans la discussion, plus Omar essaye de nous faire comprendre que le métier qu?il fait est loin d?être une corvée pour lui et que, au contraire, être agent de la protection civile constitue pour lui l?accomplissement d?un rêve d?enfance. «Et la possibilité d?être utile en ce bas monde», ajoute-t-il. Et si Omar devait changer durant le ramadan, «c?est pour plus de sacrifices et de don de soi», précise-t-il, avant de s?interroger : «N?est-ce pas le mois des sacrifices ?»