Première dynastie musulmane, les Omeyyades régnèrent à Damas de 661 à 750 et à Cordoue de 756 à 1031. La dynastie fut fondée par Muawiyya, du clan Quraychite, proclamé calife à Damas en 661 à la suite de sévères luttes de clans. Chef des Omeyyades et gouverneur de la Syrie, Muawiyya veut venger le meurtre de son cousin Uthman et refuse de reconnaître la validité de la succession accordée à Ali, cousin et gendre de Mahomet. Un conflit armé éclate à Siffin, sur l'Euphrate. Une trêve proposée par Muawiyya et acceptée par Ali permet au premier de conserver le contrôle de la Syrie. Progressivement, Muawiyya affirme son autorité et, lorsque Ali est assassiné en 661 par un kharidjite, il s'empare du califat (661-680) et fait de Damas la capitale de la nouvelle dynastie. Cet affrontement porte en germe la division de la communauté musulmane en trois grands ensembles : ceux qui se réclament d'Ali, revendiquant pour lui seul ou pour un de ses descendants le califat et sont à l'origine du chiisme (de chia : «parti») ; les partisans d'Ali qui refusent le principe de la trêve au nom des principes originels de l'islam font sécession et sont à l'origine du kharidjisme (les kharidjites sont les «sortants») ; enfin, tous ceux qui soutiennent Muawiyya, ou qui se rallient progressivement à l'autorité du calife en place, sont à l'origine du sunnisme (de sunna, tradition ? du Prophète ? que les musulmans affirment respecter avant tout). La tâche urgente pour Muawiyya est de restaurer le pouvoir du calife, ébranlé par des années de luttes intestines. Il désigne, de son vivant, son fils Yazid pour lui succéder, assurant ainsi le pouvoir de la dynastie des Omeyyades. Même si le principe dynastique n'est pas reconnu de droit, le califat se transmet de fait à l'intérieur de la même famille, ce qui n'empêche ni les dissensions dans la communauté ni les rivalités. Après la mort de Muawiyya, en 680, l'Empire Omeyyade connaît une grave crise religieuse et politique : Husayn, le second fils d'Ali, tente de s'emparer du califat. En 680, il est massacré avec soixante-dix des siens à Karbala, en Iraq, qui devient l'un des hauts lieux du chiisme. En 685, Al-Mukhtar, fervent partisan d'Ali, conduit une autre révolte chiite et tente de renverser le pouvoir Omeyyade ; l'agitation des kharidjites est également une source constante de déstabilisation. Le grand calife Omeyyade Abd al-Malik (685-705) s'emploie à rétablir l'autorité. Il devient urgent de développer et de renforcer l'administration, restée jusque-là très rudimentaire. Pour ce faire, il impose l'arabe comme langue administrative et crée une monnaie proprement arabe : le dinar d'or et le dirham d'argent. Les provinces sont gouvernées par un wali ? gouverneur civil et militaire ? nommé par le calife ; il est secondé par un cadi, chargé de la justice et gardien de la loi, et par un amil, chargé des ressources financières. Le système fiscal progressivement mis en place par les Arabes est complexe, car il tient compte à la fois des pratiques antéislamiques et des principes de la loi musulmane. Le successeur d'Abd al-Malik, Walid 1er, construisit la grande mosquée de Damas (705). L'expansion continua sous les deux califes suivants, qui conquirent l'Espagne (711-712), la Transoxiane et les confins de l'Inde (vers 720). Umar, fils d'Abd al-Aziz, contribua par sa piété et ses conquêtes à l'éclat de cette civilisation.