Oran La victime reçoit un violent coup au thorax? Un coup porté à l?aide d?une paire de ciseaux? Le 24 octobre dernier, le tribunal criminel juge une affaire d?homicide volontaire, dont l?histoire a jeté l?émoi à Es-Sénia? Les faits remontent à la journée du 24 janvier 2004? K. Z., un jeune homme frêle à l?allure pressée, longe les ruelles et s?arrête, essoufflé, à la hauteur d?un local appartenant à un cordonnier à Es-Sénia? A peine enjambe-t-il le magasin qu?il apostrophe le propriétaire B. R., un homme âgé de forte corpulence : «Je présume que tu te doutes des raisons qui m?ont amené à te rendre cette petite visite ! - Va droit au but ! Que veux-tu ? - Je veux que tu m?expliques pourquoi tu t?en es pris à mon jeune frère. Pourquoi l?as-tu frappé aussi violemment ? - Eh bien, mon cher, ton frère prend les gens pour des sots ! Voilà bien des mois qu?il me doit de l?argent? Et, à chaque fois que je tombe sur lui, il me raconte des salades ou alors m?évite? - Tu n?avais qu?à m?en parler au lieu de l?agresser? - Sors de mon local ! Je n?ai aucun compte à te rendre ! Ton frère devait me rembourser une dette, il n?a eu que ce qu?il méritait!» Mais voilà qu?au lieu de quitter le local, fou de rage, K. Z. s?en prend au cordonnier en lui infligeant une bonne leçon à coups de poing? Tout aurait pu s?arrêter là, mais l?histoire prend une tournure dramatique. En effet, le jeune cordonnier s?empare d?une paire de ciseaux et assène un coup violent en visant le thorax de la victime? Evacué vers les urgences du CHU d?Oran, K. Z. rend son dernier souffle quatre jours après son hospitalisation? Sa blessure était trop profonde et le coup porté a été d?une violence inouïe, au point de transpercer les poumons, selon le rapport du médecin légiste. Le jour du procès, l?accusé ne nie, certes, pas les faits retenus contre lui, mais se défend comme il le peut : «Je n?avais aucunement l?intention de commettre un crime ! J?étais dans ma boutique et je travaillais calmement lorsque la victime est venue vers moi? J?étais en situation de légitime défense !» L?avocat de la défense abonde dans le même sens et plaide la requalification du chef d?inculpation en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort, alors que le représentant du ministère public requiert la peine maximale, mettant en exergue la gravité des fruits? Après de courtes délibérations, le verdict est rendu : B. R. est condamné à huit ans de prison ferme pour homicide volontaire.