Oran Le 16 juin dernier, le tribunal criminel rend son verdict sur une louche affaire de kidnapping et de tentative d?homicide volontaire qui se termine sur un mystère? Dans le box des accusés, B. D. et K. M., le teint pâle et les yeux cernés, donnent du fil à retordre à la cour habituée, pourtant, à ce genre de situations fort lassantes : «Allez-vous nous dire enfin la raison pour laquelle vous vous en êtes pris à votre voisin ? Pourquoi l?avez-vous kidnappé ? ? Nous n?avions aucunement l?intention d?intenter à sa vie? ? Pourquoi l?avez-vous kidnappé ? Répondez ! Un long et lourd silence envahit la salle? ? Allez-vous enfin répondre ? Les deux mis en cause se contentent de baisser les yeux : ? Parfait ! Pourquoi l?avez-vous assommé ? ? Nous n?avions pas l?intention de le tuer, M. le président ! ? Mais Grand Dieu ! Lorsque l?on assomme quelqu?un à l?aide d?un marteau, quelle intention avons-nous donc ? ? Nous ne sommes pas des criminels !» On aurait dit que les deux accusés ne comptaient plus que sur cette déclaration pour acheter leur liberté? Les faits remontent au mois de décembre 2002. Un 15 décembre froid et pluvieux. B. D. apostrophe son jeune voisin de quartier et lui demande s?il veut bien les accompagner, son ami K. M. et lui, à bord de son véhicule, jusqu?à Sidi El-Bachir, prétextant une urgence? Serviable et naïf, T. M. accepte volontiers. Une quinzaine de minutes plus tard, voilà que tout à coup, un des deux mis en cause prend un marteau et assène à la malheureuse victime un coup violent, avant de le ligoter et de le jeter sur le siège arrière du véhicule. Fort heureusement, T. M. réussit à desserrer ses liens et se jette hors de la voiture en marche, à la grande surprise de ses kidnappeurs. La victime se rend ensuite aux services des urgences de l?hôpital El-Mohgoun. Une heure plus tard, les services de sécurité procèdent à l?arrestation des deux mis en cause. Ces derniers ne nient pas les faits retenus contre eux?, y compris le jour du procès. Cependant, ils persistent à taire les causes d?un acte qui demeure pour le moins mystérieux. Le représentant du ministère public requiert la peine capitale à l?encontre des deux accusés, alors que les avocats de la défense demandent leur acquittement. La cour se retire afin de délibérer et rend son verdict : B. D. et K. M. sont condamnés à 15 ans de prison ferme pour tentative d?homicide volontaire, kidnapping et vol qualifié?