Il était une fois, dans le jardin d?un riche roi, une petite souris qui s?appelait Fifi. Depuis un mois, elle avait pris pour habitude de solliciter Sloughi, le vieux chien, pour lui garder, chaque matin, ses petits, sous prétexte d?aller chercher des grains au moulin. Mais en fait, la coquine avait découvert, dans le mur du cellier du roi, un petit trou par lequel elle s?introduisait afin de voler un peu de blé. Le chien, encore une fois, accepta de garder ses petits, mais, aujourd?hui, Fifi allait avoir bien du souci ! En effet, le jardinier, à l?aide d?un gros pot de pois de senteur, avait obstrué le trou. Comme elle était à jeun, la souris parvint, tout de même, au prix de beaucoup d?efforts, à se faufiler derrière le pot. Puis, comme à l?accoutumée, elle pénétra par le petit trou dans le cellier. Ce matin-là, parce qu?elle avait très faim, elle mangea plus de dix grains et en prit autant pour ses petits. Mais au moment de quitter le repaire, la souris ne put se glisser aussi aisément derrière le pot de pois de senteur tant le blé avalé l?avait rendue dodue. C?est pourquoi, pour se frayer un chemin, elle poussa, poussa, poussa tant et si bien que le pot de fleurs, par malheur, se renversa entraînant dans sa chute Meille, l?abeille, butinant au c?ur des pois de senteur. Meille eut si peur que, sous l?effet de la ranc?ur, piqua la souris qui s?enfuit, bien heureuse de ne pas être prise en flagrant délit. Mais aujourd?hui, Fifi avait bien du souci ! En effet, le chat avait profité de son absence et s?était approché du chien, le poil hérissé, la queue dressée et le regard mauvais. A sa vue, le chien se mit à aboyer. Malin, le chat lui cria : «Depuis ce matin, Sloughi, nous sommes en guerre ! Toi, qui es un bon gardien, prends donc tes armes et viens !» «Je ne puis venir avec toi, je garde justement des souriceaux !», répondit le chien bien haut.` «Toi, notre héros, tu gardes les petits de la souris au lieu de défendre ton pays !», ricana le chat. Le chien, flatté, répondit : «Que dois-je faire, à ton avis ?» «Fais du bruit, aboie à l?est puis à l?ouest !», conseilla le chat. Quand le matou vit le chien aboyer à plein gosier d?un côté, promptement il vola de l?autre les souriceaux et se sauva prestement. Pris d?une grande verve patriotique, le chien aboya à gauche, aboya à droite. Puis, fatigué, s?affala : c?est alors qu?il remarqua l?absence de ses protégés. Il courut au pied de l?arbre où s?était réfugié le chat et se mit à grogner. Sur ce fait, Dame souris parut et cria au chien : «Cesse donc ce vacarme, grand sot, et où sont donc mes souriceaux ?» Le chien confus lui répondit : «Le poil hérissé, la queue dressée et le regard mauvais, le chat m?a dit qu?on nous avait déclaré la guerre. J?ai aboyé tant que j?ai pu pour défendre mon pays, mais le chat, ce malotru, en a profité pour me dérober tes petits !» Fifi ne crut pas le chien et, le lendemain, alla se plaindre chez le souverain. «Sire, pleura la souris, j?ai confié au chien mes petits, juste le temps d?aller chercher du grain? au moulin», hésita la menteuse. Puis elle continua : «Le chat, le poil hérissé, la queue dressée et le regard mauvais s?est approché de Sloughi, lui fait croire que le pays était en danger et a volé mes petits !». (à suivre...)