Constat n L'élevage du sloughi ou lévrier d'Afrique du Nord, un chien de chasse et de compagnie renommé pour sa vitesse et sa vivacité, est menacé de disparition dans les campagnes de cette région où il était aussi répandu que l'élevage équin. Il n'y a pas si longtemps, en effet, beaucoup de campagnards khenchelis élevaient, aux côtés des leurs chevaux, cette race canine pour les besoins de la garde ou de la chasse, mais aussi pour les exhibitions de fantasia pendant les grandes occasions. Durant les expéditions de chasse, les chasseurs rivalisaient entre eux en faisant valoir les performances de leurs lévriers, lesquels plus vite atteignaient le gibier, mieux étaient appréciés. Dans certains jeux, les éleveurs testaient aussi la vitesse de leurs canidés préférés. Docile et fidèle à ses maîtres, le sloughi est très méfiant à l'égard des personnes qu'il ne connaît pas. Ces deux qualités, ajoutées à une certaine «élégance», lui ont valu chez les Khenchelis une place bien à part. Selon les initiés, l'élevage d'un sloughi diffère beaucoup de celui des autres chiens et exige beaucoup d'hygiène et de soins. Sa nourriture doit être également très saine et de faible teneur en amidon. Elle est généralement constituée de viandes, de dérivés du lait et de certaines... pâtisseries traditionnelles. Les quantités doivent être régulièrement contrôlées pour lui éviter la prise de poids, avertissent les connaisseurs. «On ne peut ni vendre ni acheter un sloughi, c'est pourquoi il n'a pas de prix», affirme Amar, ancien éleveur de la région de Meyta, dans la partie saharienne de Khenchela. Pour acquérir un sloughi, il fallait en faire la demande auprès d'un éleveur et attendre que la femelle mette bas pour avoir le privilège de se faire offrir un de ses chiots, et l'offrir à son tour, est tout simplement «prohibé», explique-t-il. Comme pour un vieux fusil, une jument de race ou pour tout autre bien précieux de la famille, on ne se séparait jamais d'un sloughi, qui est ainsi transmis en héritage de père en fils. Comparé aux autres espèces canines, un sloughi de pure race a un «caractère noble et très affirmé», signale Maârouf, un autre éleveur, pour qui cet animal est très sensible et, pour ainsi dire, très raffiné : même affamé, il dédaigne de dévorer une bête morte ou de s'alimenter à proximité d'un dépotoir. D'une anatomie fine et élancée avec toutefois des muscles secs et robustes, un sloughi se distingue aussi par une témérité telle qu'il ne recule jamais devant des animaux supposés plus forts que lui. Son odorat, très développé, lui permet de traquer le gibier avec des performances inégalées et dès qu'il attrape un lièvre, une perdrix ou un renard, il ne manque jamais de ramener le butin directement à son maître.