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Une ville, une histoire
Le retour de l?enfant prodige (3e partie)
Publié dans Info Soir le 18 - 11 - 2004

Résume de la 2e partie Fatima a acquis la certitude que son petit-fils, parti faire la guerre, est mort au maquis.
«Alors, khalti Fatima, lui demandent les voisines, as-tu pu avoir des nouvelles de Ali ? Que t?ont dit les deux moudjahidine que tu as vus ?
? Bah, dit la pauvre femme, l'un d?eux prétend qu?il ne l?a pas vu et l?autre, qui l'a vu, affirme avoir été séparé de lui ! Mais je crois que tous les deux se sont moqués de moi !
? Ils disent peut-être la vérité !
? Non, ils m'ont menti tous les deux, pour ne pas me faire de la peine. Je pense que mon pauvre Ali est mort, son corps doit se trouver quelque part dans la montagne !» Et elle se met à pleurer. Les voisines ont beau la consoler, elle ne cesse de dire : «Mon pauvre Ali est mort, mon cher petit-fils, la prunelle de mes yeux, n'est plus de ce monde !»
Fatima fait pleurer tout le monde. Pauvre vieille, dit-on, voilà que son dernier espoir vient de s?évanouir. Jusqu'ici, elle a été soutenue par l'idée que son petit-fils est encore vivant et que, comme les moudjahidine qui sont revenus, plusieurs mois après la fin de la guerre, il va refaire surface. Les jours vont passer, puis les semaines et les mois, sans qu'on ait des nouvelles de Ali. Fatima, assise sur la banquette en ciment de la cour de sa maison, gémit : «Ah, pauvre de moi ! J?ai vu mourir dans un bombardement mon fils et son épouse, puis mon pauvre mari est mort. Mon petit-fils, lui, est allé faire la guerre pour libérer sa patrie, et voilà qu'il est mort, lui aussi ! Je n'ai plus personne au monde ! Mon seul espoir était Ali... et il ne reviendra plus !»
Parfois, elle se prend à rêver.
«Je pensais le marier dès son retour... Je lui ai déjà choisi une jolie fille, une montagnarde bien de chez nous, qui lui aurait donné de beaux et solides enfants... Il aurait rempli la maison d'enfants, il aurait assuré la descendance de son père et la mienne... Mais il n'en est rien ! Je mourrai sans postérité, la maison fermera sa porte, notre nom va disparaître ! Oh, Ali, Ali, combien est cruel ton sort ! Combien est cruel mon destin !»
Fatima essaye de s'adonner à quelques travaux, bêchant un potager. Mais elle jette la pioche et s'écrie : «J'entretiens des cardes d'artichauts parce qu?il les aime dans le couscous ! A quoi bon continuer à m'en occuper puisqu?il ne reviendra plus !» Et elle rentre chez elle pour pleurer. Si elle n'était pas pieuse, elle aurait mis fin à ses jours.
«Tu te laisses dépérir, lui dit un jour l'imam du village. C'est comme si tu te suicidais ! Tu ne crois donc plus en la miséricorde divine ?
? J'y crois, dit Fatima.
? Alors reprends espoir, prie pour que ton petit-fils te revienne et, s'il est mort, qu'il soit au paradis où tu le retrouveras un jour !»
Fatima, encouragée par ces paroles, se ressaisit. Mais elle continue à être hantée par l'image de son petit-fils... (à suivre...)


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