Les Algériens n?ont pas l?habitude de tendre la joue gauche quand on les frappe sur la droite. Les représailles sont considérées comme un droit et chacun, question de fierté, veut venger les affronts subis. Le Coran lui-même reconnaît la loi du talion : ?il pour ?il, dent pour dent et blessure pour blessure, même si le Livre Saint recommande, comme une vertu du croyant, le pardon. Il n?y a pas si longtemps, dans les villages, mais aussi dans les villes, on pratiquait la vendetta, et la vengeance pouvait poursuivre quelqu?un ou une famille pendant des années, voire des générations. La vengeance, tt'ar, fait partie du code de l?honneur. Un proverbe dit : «Li ma yred?ch tt'ar, babah h'mar» (qui ne prend pas vengeance a pour père un âne) ! On peut, bien sûr, dans le cadre du pardon, racheter le sang d?une victime, mais la diya, le prix du sang, peut être refusée et le droit aux représailles réclamé. Et personne ne pouvait remettre en cause ce droit. Heureusement, les choses ont évolué et le droit de représailles, pour les crimes, est dévolu à la justice. Mais il est toujours de rigueur pour les petites offenses de la vie quotidienne. Tu ne m?as pas invité à ta fête, je ne t'inviterai pas à la mienne ; tu as manqué de respect à mon père, j'en manquerai au tien. Tu as fêté le mariage de ton fils ou de ta fille alors que j?étais en deuil de mon père ou de ma mère ? Eh bien, je me vengerai en organisant une fête, quand, à ton tour, tu seras en deuil ! Les personnes lésées, surtout si elles sont mortes, réclament justice? Une justice qui est à la charge des vivants !