Opposition n Les partisans de la peine capitale, s'appuyant sur les versets coraniques et l'article 2 de la Constitution stipulant que l'Islam est religion d'Etat, refusent d'adhérer à la demande abolitionniste des défenseurs des droits de l'homme. Ils considèrent que le fait d'abolir la peine de mort est totalement contraire à la religion islamique. «Celui qui croit qu'un jugement humain est mieux qu'un jugement divin est un apostat et il ne doit pas être enterré dans les cimetières des musulmans» a déclaré, sur les colonnes de la presse nationale, le cheikh Abderrahmane Chibane, président de l'Association des Oulémas musulmans algériens, en réponse aux voix abolitionnistes. Selon lui, la peine de mort est citée dans des versets clairs du Coran et dans la Sunna du Prophète et la loi du Talion (œil pour œil et dent pour dent) est au même titre que le jeûne et le hadj (pèlerinage). L'Islam étant religion d'Etat, ce dernier «doit le respecter et ne pas transgresser le texte clair du Coran.» Abondant dans le même sens, le docteur Mohammed Chérif Kaher, président de la Commission nationale des fetwas au niveau du Haut conseil islamique (HCI), a souligné que «cet organisme consultatif est contre l'abolition de la peine capitale». «L'ensemble des membres du conseil se sont mis d'accord sur le principe, que notre institution sera avec ce qui a été stipulé dans le Coran», a-t-il indiqué tout en remettant en cause la déclaration récente de Mahfoud Smati, également membre de cette institution, selon laquelle le HCI «ne voit pas d'objection à annuler la peine de mort de la réglementation algérienne». Plus loin encore, il a relevé l'impossibilité, selon lui, de l'existence d'un minimum de consensus entre le HCI et les défenseurs et juristes abolitionnistes. «Il est impossible que nous nous mettions d'accord avec eux, puisqu'ils ne comprennent pas l'Islam», a fait savoir ce responsable. Cette position visiblement immuable des hommes de religion risque de compromettre, encore une fois, la marche de l'Algérie vers l'abolition de cette peine. La conférence régionale sur la réforme de la sanction pénale en Algérie et la mise en œuvre de la résolution des Nations unies portant moratoire sur la peine de mort, n'a pas abouti à un résultat probant. Néanmoins, à l'issue de la rencontre organisée récemment à l'hôtel El Aurassi par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cncppdh) et l'Organisation internationale de la réforme pénale, les participants ont appelé à la consolidation d'une justice équitable et à la réforme du système pénal avant de trancher définitivement la question. Lors de cette conférence, le président de la commission des experts juristes de l'Organisation arabe du travail (OAT), Rizk Ben Makboul, a suggéré d'aller vers des consultations populaires dans les pays musulmans pour trancher la question. «La loi étant la traduction de la volonté du peuple dans sa définition générale, il est nécessaire de demander l'avis de la société sur la peine capitale», a-t-il estimé.