Où que vous alliez, dans la rue, dans votre cage d?escalier, au bas de votre immeuble, au café, à l?hôtel, dans les gares, les aérogares, dans le bus, le taxi, au hammam, dans les toilettes publiques, au marché, à la plage et même dans les endroits où l?hygiène est un impératif vital comme l?hôpital, le restaurant ou la piscine, soyez assuré que la saleté, la malpropreté, l?infection, l?insalubrité et la puanteur seront omniprésentes. Les rares exceptions n?étant possibles que pour confirmer la règle. Pourquoi ? Ce n?est pourtant pas une prédisposition naturelle, puisque nos compatriotes, vivant ailleurs, ne sont pas plus portés au laisser-aller et à la crasse que les autres. Quoique? Lorsqu?on se rappelle un certain discours sur les bruits et les odeurs. Seraient-ce le manque d?eau et l?habitude de ne nettoyer qu?à grande eau ou pas du tout ? Le hammam, la piscine ou la plage ne sont pourtant pas dépourvus d?eau. Penchant culturel ? Pourtant, l?islam édicte des règles d?hygiène, surtout corporelle, très strictes. «Annadhafatou mine el-imane» (la propreté est inhérente à la foi). Influences du climat et indolence naturelle qui en découle ? Pourtant, en Espagne, au Portugal, au Mexique et même chez notre voisin tunisien, il ne fait pas moins chaud. C?est à donner sa langue au chat. Pourquoi la saleté fait-elle partie de notre lot quotidien ? Mais tout simplement parce qu?il y a un secret d?initié là dessous. Voyons ! Dans un restaurant trop propre, la nourriture est si fade, nos immeubles, nos cages d?escaliers, nos rues, nos gares, nos moyens de transport, nos plages n?ont un visage humain et ne sont si attrayants que parce que c?est cette saleté tellement évocatrice qui les rend si attachants. Demandez un peu à nos émigrés en Suisse comme ils sont malheureux de devoir vivre dans un milieu aussi aseptisé, si froid et tellement inhumain. Une chambre d?hôtel trop propre n?est jamais aussi reposante qu?une autre où flotte une subtile et délicieuse odeur de moisi, où les cafards égayent votre solitude et où les taches douteuses des draps stimulent votre imagination et vos fantasmes. Un hôpital trop propre annihile vos propres capacités immunitaires. Ses odeurs de stérilisation jettent l?angoisse dans votre c?ur. Il n?y a pas mieux que d?être hospitalisé dans un milieu humanisé où le réalisme, la bonne saleté, la crasse franche et épaisse vous attachent à la vie, la vraie. Crénom !?