Etourderies La rigueur administrative ne va-t-elle pas s?installer définitivement en vue de voir le citoyen être reçu en toute quiétude et sécurité ? Il faut le souhaiter car, dans les salles d?audience, nous vivons des situations dramatiques lorsqu?elles ne sont pas condamnables. Dans cet ordre d?idées, comment avaler que, de nos jours, alors que des instructions claires sont données pour un meilleur accueil des citoyens même s?il s?agit d?auteurs de petits larcins ? Voilà qu?un jeune emmené par la force de la loi au poste pour répondre du méfait connu, avait sur lui une arme blanche, en l?occurrence un marteau et s?en servi pour assommer son adversaire. Aïssa Mim, le juge, a beau questionner, insister, interroger, pour avoir le c?ur net, rien n?y fit, Khaled, l?inculpé, répond une fois sur trois : «Je ne suis pas bien. Je suis stressé, angoissé. Je n?aime pas que l?on me marche sur les pieds?» ? Et vous tapez sur la tête ? dit sans sourciller le président qui obtient un méchant : «Il a cherché le coup, cet animal». Mim demande à Khaled de retirer le mot «animal». L?inculpé s?exécute : «Je vous l?ai dit, je ne me sens pas bien lorsqu?on me provoque.» Boutaba, le procureur, veut savoir la provenance du marteau au poste. «J?ai été mal fouillé. J?ai eu le policier de service». Le juge demande au détenu si c?était un guet-apens, ces coups et blessures. C?est alors que le prévenu change de tactique. Il joue à l?insolent, au fou. Me Soufiane Chalal se marre. Etant de la partie civile, le jeune avocat va jouer sur du velours, après qu?il fut invité par le magistrat à plaider : «M. le président, nous sommes des hommes de droit. Evitons les saynètes et plaidons les faits. Toufik, la victime, a été d?abord victime du terrorisme. Handicapé à 80%, il a été provoqué par khaled le prévenu. Il y a une rixe. Les policiers ont embarqué le duo. Au poste, l?agression qui devait avoir lieu dehors, s?est déroulée au commissariat !», a dit Me Chalal qui, en laissant les demandes pénales au représentant du ministère public, réclame dix millions de centimes à titre de dommage et intérêts. «De quoi réparer les dégâts», souffle le conseil qui veut avoir le c?ur net devant le dur réquisitoire de Boutaba qui n?y est pas allé avec le dos du? marteau ! Il somme le détenu de mieux se tenir à l?avenir. «Cela peut aller devant la crim», avertit l?homme de loi, qui dit être aujourd?hui dans un bon jour puisque «le parquet ne réclame qu?une peine de prison ferme de deux années». Le lourd silence, observé jusque-là par l?assistance, est déchiré par un murmure d?étonnement éloquent. Il est rare de voir ou d?entendre le public approuver les demandes du procureur que l?opinion publique désigne encore sous le vocable d?«enfonceur». C?est injuste, messieurs les justiciables ! Dans le cas de Khaled, le parquet a bien joué. Aïssa Mim, le président, ne perd pas de temps et annonce la peine de prison de dix mois ferme et accorde à Toufik, la victime vingt mille dinars de dommages et intérêt. Me Chalal fait un clin d??il à son client.