Société L?affaire d?homicide volontaire avec préméditation jugée dimanche dernier a débouché sur l?acquittement du prévenu. Mais cette issue du procès conduit inévitablement à poser la question suivante : qui a assassiné Ahmed S. le 23 septembre 2002 à 20h 20 exactement ? Si l?accusé présumé, Ali S., qui n?est autre que le cousin et le voisin de la victime, a pu s?en tirer avec une relaxe pure et simple c?est que dans cette affaire il y a beaucoup de doutes et de zones d?ombre. D?abord, il y a l?attitude du prévenu qui a gardé son sang-froid durant le procès qui a duré une journée entière vu le nombre important de témoins appelés à la barre. Non seulement, il a persisté à nier tous les griefs retenus contre lui, mais il a également donné des réponses à l?ensemble des questions et des reproches qui lui sont collés par le dossier de l?accusation même en récusant certains témoignages clairs et précis. Ainsi, pour les étuis de cartouches trouvés devant sa maison, il a soutenu qu?ils provenaient effectivement de son fusil de chasse qu?il a utilisé le jour où l?on a tenté de voler son garage deux ou trois semaines avant le drame ; pour les trois fameux sifflements ? une sorte de code dit-il entre lui et son voisin en cas de danger nocturne ? il a affirmé qu?il les a produits bien après et pas avant les deux coups de feu (qui ont tué ce voisin) ; pour sa phrase «Ahmed a été frappé d?un coup de hache» qu?il a prononcée à un de ses voisins à qui il a annoncé la nouvelle du drame, il a répliqué qu?il pensait vraiment ce qu?il disait ; enfin pour le foulard de la femme retrouvé dans sa chambre sur son matelas, il a répondu que c?est sa petite fille qui l?a noué autour de sa poupée dans la maison de son oncle, puisqu?elle l?a ramené à la maison. Quant à la pièce maîtresse de l?accusée, l?arme supposée du crime, un fusil de chasse non déclaré qu?il possédait et dont il a tenté de nier l?existence devant la police avant de se rétracter, il a dit que c?est par peur des soupçons et de la possession d?un fusil non déclaré qu?il a agi de la sorte. Ensuite il y a l?attitude des treize témoins présents appelés à la barre. La plupart sont des proches du prévenu et de la victime donc ils n?avaient pas à prêter serment. Puis ils ont montré beaucoup d?hésitation et de fébrilité dans leurs déclarations. A cela s?ajoute la récusation d?une partie de ce panel de témoins par le prévenu et sa défense car constituée de ses ex-femmes et ex-belles-familles dont «les déclarations sont fondées sur la vengeance». Enfin, il y a la question du mobile du crime qui n?a pas été établi d?une manière formelle et avérée. L?accusation du prévenu d?entretenir une liaison secrète avec l?épouse de la victime n?a pas dépassé le stade d?allégation et la défense en a même fait un argument d?acquittement en s?appuyant sur le fait que le défunt époux avait son travail au domicile familial (cordonnier) et donc impossible qu?il ait été trompé par sa femme !. La partie civile, comme le représentant du ministère public, a tenté de chercher la thèse de l?homicide volontaire avec préméditation en se posant un ensemble de questions devant la cour. Pourquoi l?accusé a-t-il demandé à un de ses cousins de cacher l?arme ? Pourquoi a-t-il nié l?histoire du vol dont il a prétendu être victime quelque temps seulement avant le drame ? Pourquoi a-t-il déclaré à un groupe de gens dont des éléments du GLD dans un café, que des terroristes sont entrés dans le village une ou deux heures seulement avant le drame ? Pourquoi a-t-il annoncé que la victime a été frappée par une hache alors qu?elle était atteinte de deux balles dans le cou ? Autant de questions que les avocats de la partie civile ont soulevé afin de soutenir la thèse d?homicide prémédité et planifié pour un mobile simple «prendre la place de l?époux». Finalement, la cour a opté pour la thèse contraire de la défense constituée de deux avocats qui, l?un après l?autre, se sont attelés à battre en brèche point par point les arguments de l?accusation, avant de demander la relaxe de leur client. Reste à savoir maintenant qui est l?assassin dans cette affaire non élucidée ?