L'arabe classique connaît h'idha', en général,«souliers», mais les langues algériennes lui préfèrent aujourd?hui un terme emprunté aux langues romaines, plus précisément à l'espagnol, sabat'. ll faut indiquer, cependant que sabat' est un terme générique, c?est-à-dire qui désigne toutes sortes de souliers : souliers proprement dits, bottes, sandalettes, etc. Beaucoup de noms de souliers nous viennent aujourd'hui du français, non que ces formes de chaussures aient été introduites par les Européens, mais parce que les formes modernes de ces chaussures sont de fabrication européenne. Ainsi, par exemple, les bottes sont appelées, aussi bien dans les dialectes arabes que berbères libut' : pourtant des bottes, ainsi que des bottines étaient portées couramment depuis le Moyen-Age et les armées musulmanes, en Orient comme au Maghreb, en faisaient usage. Ce que les Européens ont importé, ce sont les bottes de fabrication industrielle. Aujourd'hui, le terme français «sabot» est devenu courant pour désigner une forme de chaussure féminine. En Europe, autrefois, le mot désignait une chaussure paysanne faite d?une seule pièce de bois évidée (on disait aussi galoche). En Algérie le mot en est venu à désigner une sorte de pantoufle, mais plus résistante et que l'on peut utiliser pour l'extérieur. Il y a des sabots «ouverts» (mah?lulin) qui laissent apparaître les orteils, et des sabots «fermés» (maghluqin) qui les cachent. Cet emploi du mot «sabot» semble algérien : en tout cas les dictionnaires français, même les plus récents (c'est le cas de l'édition 2004 du Petit Robert), ne l'indiquent pas !