Histoire Tous avaient quitté leur travail, tous voulaient participer à la fête qui promettait d'être belle. C'était jour de fête à Iol? Cherchell aujourd'hui ? que son roi, Juba II a rebaptisée Césarée, en l'honneur de César. Une belle fête, comme seul le roi numide savait donner : les monuments ont été décorés, les rues nettoyées de fond en comble et les prêtres s'affairaient, dans les temples, à fêter les dieux, dieux berbères et romains, que l'on honorait dans un synchrétisme, cher au roi berbère, féru de culture grecque et romaine tout en restant attaché au sol et aux traditions de ses pères... La foule se presse autour du forum et dans les ruelles de la ville, les quartiers populaires exalaient des odeurs caractéristiques. Tous avaient quitté leur travail : les marins sont sortis de leurs navires, les artisans ont abandonné leurs ateliers, fermés à la hâte et les marchands, pourtant si âpres au gain, ont laissé leurs comptoirs. Dans la capitale de Juba, les classes sociales se mêlent, formant une foule bigarrée, si caractéristique des villes de l'antiquité. Là, ce sont les riches, vêtus de robes de soie écarlates, suivis de leurs esclaves, ici, ce sont les ouvriers, couverts simplement de tuniques, nouées à la taille par une ficelle, parfois traînant des sandales usées, parfois marchant pieds nus. ll y a aussi les paysans descendus des montagnes de l'Atlas, revêtus de manteaux de laine blanche, fermés sur la poitrine. Ils sont un peu perdus dans la foule des citadins, ne sachant à quel dieu se vouer ! Iol-Césarée est aussi une ville cosmopolite où se côtoient les races et les nations. Les Romains et les Grecs sont les étrangers les plus nombreux. lls parlent, sans complexe aucun, leurs langues que beaucoup de Numides comprennent : c'est le roi Juba, comme dit précédemment, féru de culture gréco-latine, qui a fait des langues d'Homère et de Cicéron des langues officielles dans son royaume C'est la fête ! C'est la fête ! Le Ethiopiens, recouverts du seul pagne, offre leur thorax brillant comme le cuivre et leurs bras noueux de muscles, aux regards admirateurs des adolescents : tout-à-l'heure, ils se livreront à des exercices périlleux, devant le roi et sa cour. ll y a aussi les Ligures, portant des sayons de cuir, des Gaulois aux casques cornus et aux longues barbes, des Germains à la longue chevelure blonde... On regarde avec curiosité les hommes du désert et on s?écarte devant les chameaux qu'ils tiennent par une laisse. Ils sont vêtus de longues robes bleues et portent un voile qui dissimule leur visage, à l'exception de leurs yeux qui brillent d'une flamme étrange. On raconte qu'ils sont venus remettre un présent précieux au roi Juba? Tout le monde parle de ce présent, mais on ignore de quoi il s'agit. Les hommes Bleus apportent-ils quelque curiosité de leur pays que le roi érudit va se mettre à étudier avec passion ? S'agit-il d'un vieil ouvrage, du temps passé, qui dévoilerait quelque secret de l?univers ? Ou alors de quelque curieux animal qu'on ne connaît pas encore ? Les langues vont bon train et chacun y va de sa supposition... Mais il faut se rendre au palais où Juba va recevoir ses invités puis donner le signal des festivités? (à suivre...)