Engouement L?une des activités économiques les plus prolifiques et les plus originales dans la partie est de la wilaya est, sans doute, celle de la pierre de taille. En effet, de Yakouren à Bouzeguène en passant par Rabta, Ifigha et Moknéa, de nombreuses petites unités, installées généralement aux abords de routes, exploitent ce créneau relativement récent et offrent ainsi des dizaines d?emplois à des hommes qui ont fait de la taille de la pierre un métier. Ce sont les tailleurs de pierres. L?une de ces unités est située au village Rabta, sur la RN 71, à une dizaine de kilomètres au sud d?Azazga. Constante, assez vaste, cette unité emploie six ouvriers dont trois étaient en pleine besogne lors de notre arrivée sur les lieux. Il s?agit de Rabah 38 ans, Mourad 37 et Boudjemaâ, 34. Tous sont dans le métier depuis longtemps et tous ont reconnu le caractère pénible de ce métier qui, néanmoins, rapporte. Les trois congénères étaient assis sur une pierre, chacun dans son coin, adossé à un mur ou à un pilier avec, entre les jambes, une pierre à tailler à l?aide d?un marteau et d?un petit burin léger et pointu. Ils sont payés à la tâche à raison de 700 DA le mètre carré, mais un bon ouvrier ne peut dépasser deux mètres carrés par jour, ont-ils précisé. Ce salaire forfaitaire ; relativement élevé par rapport à celui d?un ouvrier moyen, est diversement apprécié par nos trois travailleurs de pierres. Si Boudjemaâ le considère comme un travail difficile (poussières, bruits), ses deux collègues, eux, le trouvent sans intérêt réel eu égard à l?absence de la couverture sociale (assurance maladie, et vieillesse). Il faut dire que, d?après eux, ces unités artisanales travaillent toutes sans autorisations officielles, ce qui fait que leurs ouvriers, déjà heureux de trouver un travail, sont contraints de gagner leur pain à leurs risques et périls. «J?étais malade pendant six mois, avoue Rabah (15 ans d?activité dans le domaine) qui a eu une tuberculose, et comme cette maladie est contagieuse, elle a été prise en charge par l?Etat. Si ce n?était pas le cas je ne sais pas ce que j?aurais pu faire». Boudjemaâ abonde dans le même sens, en affirmant que «ce métier est juste bon pour un jeune afin de ramasser un peu d?argent et se casser». La patron de l?unité, un jeune homme d?une trentaine d?années, reconnaît «la nécessité de se faire une carte d?artisan afin de pouvoir déclarer les ouvriers et payer les frais induits par cette déclaration (impôts, et cotisation) doit se faire sur leurs salaires forfaitaires», a-t-il indiqué. Toujours est-il que cette activité économique dynamique permet à la pierre de retrouver ses lettres de noblesse dans la région grâce à cette nouvelle vocation qu?on lui a trouvée : la décoration. D?ailleurs c?est pour cette raison sans doute que le prix de vente de cette pierre de taille sur place est considérée comme élevé en tant que produit de premier choix, le prix du mètre carré est fixé à 2 600 DA, quant à celui des carrés de pierres à double face, il atteint 2 800 DA. Et à côté de ces produits «travaillés qui s?écoulent un peu partout à l?échelle nationale, des blocs de pierre brute sont cédés à 600 DA pièce et la poudre résultante de la taille ou du broiement des débris de pierres, est proposée à 150 DA le sac (environ 10kg). Reste à signaler enfin que les découpes de la pierre brute ne se font plus comme autrefois à la main, mais à l?aide d?une petite machine électrique. Ce qui donne à chaque pièce une coupe lisse et nette de tous les côtés. Un jeune homme, tailleur de pierre et bricoleur à ses heures perdues, a affirmé sur un ton plein d?humilité qu?il est en mesure de fabriquer ces machines et qu?il en a déjà fabriqué deux. Le prix de revient de ses machines fabriquées à partir de composantes achetées sur le marché national est 40% moins cher que celui d?une machine d?importation qui coûte 110 000 DA», a-t-il confié.