Séminaire «Algérie, 50 ans après : nation, société, culture» est le thème du colloque scientifique qui, depuis samedi, se tient à la Bibliothèque nationale. Pour la journée de dimanche, les participants sont intervenus sur plusieurs thèmes. Mohamed Abbas a, dans un premier temps, évoqué la figure de Mostefa Lacheraf, l?intellectuel engagé. «Mostefa Lacheraf est considéré comme un modèle du nationalisme algérien. Il s?est engagé dans la pensée dès 1945.» L?engagement de Mostefa Lacheraf, selon l?intervenant, s?inscrit d?emblée dans le choix de réagir contre le colonialisme et l?idéologie colonialiste. L?intervention de Mohamed-Lakhdar Maougal, universitaire, a jeté la lumière sur la personnalité du penseur. Son intervention s?insère dans «un discours discordant». Sa lecture a d?abord fait ressortir un aspect de la personnalité de Mostefa Lacheraf méconnu du public, celui d?un poète, en lisant, en guise de préambule, un texte-poème, extrait d?un recueil publié au début des années 1950, et intitulé Chanson de jeunes filles arabes. Et de mettre l?accent sur l?originalité et la richesse de cet homme «qui s?est frotté à un certain nombre de disciplines comme la littérature, la linguistique, l?histoire, le patrimoine populaire?», insistant sur le fait que «ses textes sont riches, informatifs, fouillés, documentés, rédigés dans un style complexe et composé, et derrière lesquels vient s?organiser un discours militant.» L?intervenant a mis plutôt l?accent sur le militantisme de l?idéologue, un engagement politique réactionnaire, que sur l?esprit critique et analytique. Et pour étayer sa thèse, il a pris La Colline oubliée de Mouloud Mammeri paru en 1952, comme exemple. «Mostefa Lacheraf a fait une lecture politique du discours littéraire sans le soumettre à une analyse méthodologique et universitaire, le taxant, de fait, de roman berberiste.» Cela a fait que Mouloud Mammeri a fait l?objet de tant de critiques incendiaires. Par ailleurs, Mohamed Ghalem a présenté le penseur dans son engagement face à l?extrémisme religieux. «Le discours qu?érige Mostefa Lacheraf est un contre-discours. Il s?organise à partir du réel (en se basant sur la réalité de la tragédie algérienne et à partir des faits historiques), il est basé sur une méthodologie scientifique, abordant ainsi ses idées et exposant les faits autour desquels s?édifie sa pensée.» Selon le communicant, et à partir de la réflexion du penseur, l?extrémisme religieux est un fait historique, voire une résurgence historique qui apparaît, puis disparaît, pour réapparaître, selon les conjonctures et les données du moment. Et de qualifier «l?extrémisme religieux (selon Lacheraf) d?islamisme politique» dont le seul but consiste à provoquer une rupture dans l?histoire de l?Algérie, et de plonger la société dans l?obscurantisme. Enfin, et pour finir, Mourad Yelles, universitaire, a évoqué l?intérêt que porte Lacheraf à la culture populaire. Il «a beaucoup travaillé sur la tradition orale et la culture populaire aux fins de donner à cette culture sa dimension internationale, ainsi qu?une légitimité esthétique et idéologique.»