Narration Tout en se mettant dans la peau d?un véritable citoyen à l?écoute de son pays, Djilali Bencheikh a mis à découvert ce que ressent tout exilé pour ce pays et pour son peuple. A l?instar de tous les hommes de culture, Bencheikh a tenu à étaler ses pensées envers son pays, lors des tristes événements des années 90. Ses inquiétudes l?ont poussé à aller au fin fond de sa mémoire pour y extirper les souvenirs d?une enfance vécue dans le douar avant la Guerre de libération et même quelques années après l?indépendance. Ce roman relate la réflexion d?un érudit qui pense ce qu?il dit dans une sincérité qui s?apparente dans cette franchise non cachée à travers les lignes. C?est l?histoire de Salim, cet universitaire émigré à la fleur de l?âge qui ne cesse de se reprocher son oisiveté durant une quinzaine d?années alors qu?il avait les qualités requises pour une réussite à laquelle il s?attendait, mais n?a pas trouvé ni les moyens ni les circonstances qui l?y amèneraient. Il a fallu qu?on le secoue pour qu?il se découvre. La vocation qu?il avait et la force qu?il recelait dormaient en lui. Et pourtant, les conditions étaient réunies pour celui qui a fui la société dans laquelle il ne se retrouvait pas car épris de cette culture française qui le submergeait corps et âme. S?oubliant dans ce tourbillon de l?exil, l?étincelle de la nostalgie a été provoquée par ces informations, sur les exactions terroristes. A l?image de ses congénères, Salim se reprochait le massacre quand il fut interrogé par ses colocataires sur ce qui se passait au pays. Mais son désarroi était sa seule réponse car ne sachant que répondre même s?il suffit de ne vivre cette terreur que dans la proximité mentale. Une culpabilité d?un exil relativement doré par rapport à la situation que vivaient ses concitoyens. Violence trop maximalisée par les médias pour devenir banale par la suite. Une violence qui, selon l?auteur, impressionnait par ses caractères mesquin et sournois. Et c?est par le biais de «l?écriture» que Salim a voulu se venger, en faisant son baptême du feu dans cette vocation longtemps recherchée. L?auteur n?a pas omis de s?interroger et de débattre sur les motifs qui ont mené le pays à cette tragédie : inculture de l?Etat, péché d?orgueil de tout un peuple. L?auteur a mis en exergue les pulsions contradictoires d?une génération, qui avaient fécondé les névroses de cette période. L?auteur est allé jusqu?à se remémorer les moindres recoins de son enfance, de l?éducation parentale, de l?ère coloniale où l?Algérie française était à l?ordre du jour. La famille et ses traditions en Algérie où la réussite rimait avec bonne tenue à l?école. De retour en Algérie, Salim a découvert que tout ce qui s?est dit sur les événements dépassaient la réalité surtout, que les Algériens se faisaient à cette situation de jour en jour. Ce roman n?est finalement qu?une auto-biographie de l?auteur.Djilali Bencheikh, journaliste à RMI, s?est découvert un talent d?écrivain. Ayant fait des études en économie à Alger et à Paris, l?auteur vit en France depuis 1964. (*) Du même auteur Mon frère ennemi