Compétence Le directeur technique du MC Alger, Djaâfar Belhocine, un cadre émérite et d?expérience, revient dans cet entretien sur la consécration de son équipe, mais également sur ses perspectives ainsi que sur la situation du handball algérien. InfoSoir : Quelles sont vos analyses et impressions sur le parcours et la consécration du Mouloudia en Coupe d?Afrique ? D. Belhocine : Je suis très heureux de ce 23e succès continental du Mouloudia d?autant qu?il n?est jamais facile de rééditer les mêmes exploits et les mêmes victoires. Donc, on apprécie à sa juste mesure cette septième victoire dans cette édition des clubs champions ; mais au-delà de cette victoire, c?est cette pérennité et cette continuité, que nous sommes en train d?assurer, qui nous font plaisir et nous motivent davantage, de saison en saison et d?année en année, pour continuer à progresser et à gagner plus de titres. Le MCA est champion d?Afrique. Il domine l?actuel championnat national et s?apprête à jouer la Coupe du monde. Compte-t-il franchir un nouveau palier avec ce nouveau challenge ? Oui absolument ! Cela fait longtemps qu?on s?est fixé cet objectif et cela nous tenait à c?ur depuis bien longtemps. D?ailleurs, nos ambitions nationales et continentales nous les avons affichées clairement, mais le championnat du monde ne sera pas une partie de plaisir puisqu?il s?agira de la crème des clubs de la planète, d?Europe, d?Amérique du Sud, avec les Brésiliens et les Argentins, les Sud-Coréens et autres. Cependant, nous étudierons convenablement ce que prévoit la réglementation internationale en matière de renfort qui autorise l?apport de deux joueurs professionnels. Là, nous sommes prêts à mettre le paquet pour ramener deux joueurs qui nous feront progresser et aideront l?équipe à figurer parmi les meilleures. Envisagez-vous une préparation spécifique pour ce Mondial ? Sincèrement, non. Disons que les compétitions nationale et internationale font qu?il n?y aura plus de place pour une préparation spécifique. En effet, les internationaux du Mouloudia, vainqueurs avant-hier de la Coupe d?Afrique, n?auront que deux jours pour se reposer puisqu?ils intégreront, dès demain, la sélection nationale qui prépare les championnats du monde, une compétition qui devra les mener jusqu?à février. Par la suite, nous attaquerons de nouveau le championnat national, avec la deuxième phase suivie des play-offs plus les tours de coupe. Sans oublier les Jeux méditerranéens qui interviendront après la Coupe du monde des clubs, pour vous dire que le calendrier est très chargé et qu?il sera difficile de prévoir une préparation spécifique, sauf que nous essayerons de profiter d?un ou de deux temps creux pour programmer des matchs quelque part contre des équipes huppées. Certains observateurs attribuent également la régression du hand algérien au faible niveau de son championnat. Qu?en pensez-vous ? Je ne pense pas que le championnat soit la cause essentielle. L?année dernière, le MCA n?a pas été champion et c?est l?US Biskra qui l?a été après avoir laissé plusieurs points devant d?autres équipes comme le MC Saïda ou l?OC Alger, avec tous les problèmes qu?a connus ce dernier club. Au contraire, je pense qu?il y a un renouveau au niveau du handball algérien et qui commence à se faire sentir en sélection à travers la présence de plusieurs jeunes joueurs issus de ces différents clubs, ce qui nous laisse présager un avenir meilleur pour le handball algérien pour peu que la prise en charge en équipe nationale soit plus efficace, car il ne suffit pas que les clubs travaillent, et ce, à travers une bonne organisation et une bonne planification de tous les stages et compétitions que devra livrer la sélection. à votre avis, ce renouveau est-il dû à la formation, aux écoles? ? Le renouveau n?est pas dû seulement au redémarrage ou au redéploiement du travail au niveau des écoles. Le travail a toujours été accompli au niveau des écoles, notamment dans les grandes villes, et Alger a une part prépondérante dans ce travail, mais également Saïda qui fait un excellent travail au niveau des jeunes et qui commence à en récolter les fruits au sein des seniors. Le renouveau est aussi l?effet de l?intérêt porté par les différents acteurs de la famille du handball. Le seul point noir reste l?Ouest où les équipes formatrices par le passé éprouvent de grosses difficultés financières pour joindre les deux bouts et assurer leur survie. Je citerai, à titre d?exemple, le MC Oran qui n?arrive même pas à financer les déplacements de son équipe et qui se débat, à chaque début de saison, dans d?inextricables problèmes d?argent. C?est vraiment dommage pour une équipe qui a eu à écrire plusieurs belles pages du handball algérien. Pensez-vous que sur le plan infrastructurel, les choses suivent ? Il y a eu beaucoup d?efforts entrepris pour l?implantation de salles et d?aires à travers tout le territoire national, mais cela reste insuffisant pour la simple raison que le nombre de clubs a beaucoup augmenté depuis. Une ville comme Alger où il n?y a pas plus de vingt salles, cela pose problème pour trouver des créneaux. Maintenant, ce que je préconise, c?est l?utilisation rationnelle de ces infrastructures en réservant certaines salles aux équipes de l?élite et d?autres pour les clubs de formation ou pour éventuellement le sport de proximité. Malgré tout, vous restez optimiste? Nous devons rester optimistes, c?est notre métier qui l?exige. Espérons seulement que la nouvelle équipe dirigeante qui arrivera, apportera le plus dont a besoin le handball et que les pouvoirs publics aideront ces disciplines, dites mineures, en leur accordant un peu plus d?intérêt et de médiatisation qui leur permettraient d?attirer les sponsors et autres partenaires. Cela permettra aux clubs de passer à un palier supérieur. Si le football apportait plus de titres et de satisfactions que les autres sports, on l?aurait compris, mais ce n?est pas le cas.