Aveu Le manager et secrétaire général du MC Alger, Djaâfar Belhocine, incarne, sans aucun doute, le renouveau de la petite balle algérienne, compte tenu de son passé d?international de haut niveau et de son CV en tant que technicien. Que ce soit à la tête de l?équipe nationale ou de son club le Mouloudia, aujourd?hui, Belhocine porte un ?il critique sur la situation du handball avant son départ pour Abuja, où se dérouleront les 8es Jeux africains. Il accompagne la sélection nationale après la démission de Boudrali, le sélectionneur. InfoSoir : Après la gifle reçue de la part des Tunisiens pour le compte des qualifications aux JO d?Athènes, le handball algérien semble vraiment toucher le fond. Quelles sont les raisons, selon vous, de cette débâcle ? M. Belhocine : Plusieurs raisons peuvent être évoquées pour expliquer ce que vous considérez comme une débâcle de la petite balle algérienne. Il y a, en premier, le manque de coordination entre le travail qui se fait au niveau des clubs et la fédération ; le manque de suivi des athlètes ; l?absence de collaboration entre les différentes équipes nationales et les clubs. En second lieu, il y a les luttes intestines entre les différents acteurs de la famille du handball qui ont atteint l?intolérable. Et cela, évidemment, déteint négativement sur le travail et les résultats de la discipline. Dans un passé récent, j?avais dit que nous étions réduits, au niveau des clubs, à faire de la simple animation. Les joueurs ne sont plus motivés pour espérer une quelconque sélection en EN. Le championnat est devenu morne et sans attrait en raison du manque de motivation sportive. Et quand cette dernière n?y est plus, eh bien, rien ne va par la suite. Certains athlètes du MCA, par exemple, n?ont été que rarement suivis par les techniciens de la sélection. Il faut avouer que chacun veut diriger la fédération à sa guise et essaye de tirer la couverture à lui et ses copains. A l?orée du troisième millénaire, il se trouve qu?il y a des gens qui veulent nous ramener aux années 1980 ! Si l?on s?accroche toujours à ces années glorieuses, nos voisins tunisiens ou égyptiens, eux, ont bossé très fort pour arriver au niveau qu?ils ont atteint aujourd?hui. A vous croire, il n?y avait pas un travail au niveau de la sélection et de la direction technique nationale ? Je suis désolé de le dire, l?entraîneur national ne regarde que ce qui se passe dans les autres clubs du fait qu?il dirige un club lui-même. L?observation des joueurs du MCA, pour ne citer que ceux-là, se limitait à deux rencontres par saison. Ce n?est pas normal. Il y a tout de même de jeunes joueurs qui méritent d?être suivis et d?avoir leur chance en sélection. Il y a aussi le cas de certains joueurs sans club qui se retrouvent en EN, je cite l?exemple de Hasni qui, après son retour de Tunisie en décembre 2002 et après avoir pris part au Mondial au Portugal, est resté durant 6 mois sans compétition. Malgré son sérieux ? il continuait à s?entraîner seul ? et son talent, cela ne suffisait pas pour faire de lui un joueur prêt pour la haute compétition. Quelles sont alors les solutions pour sortir de cette crise qui risque d?avoir d?autres conséquences sur l?avenir de la discipline ? Il y a des problèmes profonds qui nécessitent des remèdes profonds et radicaux aussi. A mon avis, une assemblée générale courageuse est vitale pour mettre fin à cette situation conflictuelle au sein de la famille du handball et trouver un consensus autour d?une politique et d?objectifs clairs. Il y a une course effrénée pour le pouvoir, notamment les postes de président, de directeur technique national et de sélectionneur. Il faut que cela cesse. Cela ne pourra se faire que grâce à une collaboration sincère et une communication permanente. Il faut combattre cette opposition stérile qui, à chaque fois, empêche les choses d?avancer dans le bon sens. Personnellement, j?estime qu?il faut avoir certains critères pour devenir président de la fédération. Pourquoi ne pas exiger, par exemple, d?un candidat à la présidence 10 millions de dinars pour postuler ? Ou bien, optons carrément pour la désignation directe par le MJS d?un président qui contrôlerait le budget attribué à la FAHB et veillerait à l?application du programme pour lequel il a été désigné, tout en laissant un tiers pour les représentants de la discipline au sein du BF. Sur le plan technique, peut-on dire que notre niveau est en train de s?éloigner de celui de nos rivaux tunisiens ou égyptiens ? Disons-le sincèrement : on ne peut pas vivre tout le temps en autarcie. L?élévation du niveau est tributaire de l?organisation administrative qu?il y a autour de la discipline et des hommes qui s?en chargent. Le niveau du handball algérien n?est pas aussi loin que le pensent certains, et pour preuve le comportement de l?EN lors du dernier Mondial. Il n?est pas aussi différent de celui des Tunisiens ou des Egyptiens, car sur un match cela peut basculer dans un sens ou dans un autre. Mais la différence avec ces nations réside dans un manque d?organisation, de préparation, de planification et de moyens mis en place à moyen et long termes. Le manque aussi de communication et d?échanges continus d?informations sur les athlètes entre les entraîneurs de clubs et le sélectionneur est une des raisons qui ont fait qu?on ait reçu une gifle face à la Tunisie. Le sélectionneur n?est pas le seul responsable. Je dirais que la débâcle est généralisée et on ne peut chuter plus bas. Il est donc temps de tirer les enseignements utiles de ce qui nous arrive. Nous avons un potentiel extraordinaire (du point de vue gabarit, jeunes doués...) et les compétences suffisantes pour amorcer un réel renouveau du handball algérien. Un mot sur le Mouloudia, qui reste le club phare et le pourvoyeur en joueurs pour l?EN? Ce que je dois dire sur le MCA c?est que ce club n?est pas du tout l?arbre qui cache la forêt. Bien au contraire. Heureusement qu?il y a ce club qui renferme l?élite de notre handball. Depuis le début du mois d?août, on n?a pas cessé de travailler pour être fin prêt pour le club et pour l?équipe nationale. Les joueurs sont formés au club et non pas en sélection. Cette dernière ne fait que récolter le travail accompli au sein de tous les clubs. Vous accompagnez l?EN à Abuja. Ne pensez-vous pas qu?il aurait été préférable de faire l?impasse sur ce tournoi, notamment après le mauvais résultat contre la Tunisie ? La décision la plus opportune aurait été de laisser l?équipe à la maison. Mais je crois qu?il y a un problème de date butoir qu?il fallait respecter vis-à-vis du CSSA. Notre participation est obligatoire et on essayera d?exploiter cette occasion pour donner une image de l?EN différente de celle devant la Tunisie. Et pourquoi pas le podium ?