Analyse n La sortie catastrophique du Sept national en Tunisie n?a pas échappé à l??il avisé et connaisseur de Djaâfar Belhocine, l?actuel DTS du Mouloudia d?Alger et ex-champion aux multiples titres, que ce soit en tant que joueur ou en tant qu?entraîneur, voire sélectionneur national. InfoSoir : Quels sont les premiers éléments d?explication de la déroute de notre Sept national à Tunis ? D. Belhocine : Plusieurs facteurs ont concouru à la débâcle de notre équipe nationale à Tunis. Commençons par l?aspect tactique où nos représentants ont failli en ratant leur préparation qui n?a pas été en adéquation avec l?opposition qu?elle devait avoir à Tunis. En effet, les équipes que les Verts ont affrontées en Serbie et en Hongrie lors du stage précompétitif pratiquaient beaucoup plus la défense aplatie, soit un 5-0 ou un 6-1. Or, lors du rendez-vous africain les trois formations qui nous ont battus, en l?occurrence le Maroc, l?Egypte et l?Angola pratiquaient une défense avancée. De plus, les joueurs professionnels ont peu joué avec leurs clubs respectifs qui, eux-mêmes, évoluent le plus souvent avec des défenses aplaties, ce qui n?a pas arrangé le jeu des nôtres. Voyez les Angolais, ils ont vite compris nos faiblesses en nous battant avec nos propres armes en plaçant un 3-2-1 efficace. Y a-t-il d?autres facteurs qui ont influé sur le rendement de l?équipe ? De loin comme ça, on ne peut pas bien apprécier, mais disons que mentalement les joueurs ont accusé le coup d?entrée. La démission du président de la fédération la veille du départ pour Tunis n?était pas pour arranger les choses, mais c?est surtout la défaite contre le Maroc qui a fait le plus mal à l?équipe. Quelle première conclusion peut-on tirer de cette participation ? Aujourd?hui, on est condamné à repartir de zéro. C?est un bien triste constat, mais on n?y peut rien. Cela ne sert à rien d?ailleurs de se laisser piéger par d?autres polémiques et tiraillements. On va être absent aux prochaines échéances internationales, à savoir le Mondial-2007 et les jeux Olympiques-2008, et ce sera très handicapant pour nos joueurs qui seront privés de confrontations de haut niveau. Ce sera aussi frustrant pour de jeunes éléments pétris de qualités, alors que d?autres mettront prématurément fin à leur carrière alors qu?ils sont toujours capables de donner encore plus à l?équipe nationale. De ce fait, il faut, dès maintenant, retrousser les manches et commencer à travailler pour préparer l?équipe qui prendra part à la CAN-2008. Ne pensez-vous pas que les résultats de Tunis ne sont qu?une conséquence de ce qui se passe au niveau de la fédération et dans la famille du handball ? Les problèmes qui touchent la fédération sont les mêmes depuis longtemps. Un président qui démissionne la veille d?une compétition aussi importante, un directeur des équipes nationales qui en fait autant, ça ne peut être que déstabilisant et une preuve supplémentaire que rien ne va plus dans cette discipline. Néanmoins, la responsabilité de tout ce qui arrive est partagée par tous les acteurs du handball. Par ailleurs, je dénonce la main mise de certains nostalgiques de l?époque d?or du handball algérien, mais qui s?opposent à tout changement et à tout développement de la discipline en adéquation avec les différents progrès technologiques et scientifiques. Les Algériens ont certes écrasé le hand africain dans les années 80, mais ils n?ont jamais été en Coupe du monde durant cette période. De jeunes entraîneurs ont réussi par la suite à reprendre le flambeau, notamment en récupérant le titre africain en 1996. Malheureusement, les détracteurs ont prétendu que si nous avions gagné à l?époque devant une équipe d?Egypte, pourtant quatrième mondial, c?est parce que le niveau du tournoi était faible. Ce n?est pas de cette manière qu?on pourra construire en cassant la fédération et la sélection. D?ailleurs à ce sujet, je vous promets des révélations graves et compromettantes à l?avenir. Certains prétendent souvent que le MC Alger domine outrageusement le handball national et freine par conséquent son développement ? Oui, certains ont cassé du Mouloudia. Mais, à ce que je sache, ce n?est pas au MCA de gérer le handball ou de nommer un entraîneur à la tête de l?équipe nationale. Le MCA est un club comme tous les autres qui a la lourde responsabilité de préparer et d?entretenir l?élite nationale. Il faut avouer que la sérénité n?a jamais été de mise au sein de la famille du handball depuis bien longtemps à cause de personnes qui voudraient accaparer du pouvoir ou d?être, à la limite, associés aux résultats du passé tout en occultant l?avenir. Apparemment, le handball, qui pour l?opinion était épargné par ce qui arrivait aux autres disciplines, a emprunté le même chemin que le football ! Malgré cela vous restez optimiste ? Souhaitons qu?avec le nouveau programme du ministre de la Jeunesse et des Sports ainsi que les nouvelles lois sur les fédérations, la situation du sport en général et celle du handball en particulier amorcent un nouveau départ. Comme on dit, à quelque chose malheur est bon, car, après ce énième revers, on ne peut pas descendre encore plus bas. D?autant que les hommes existent, les moyens et les infrastructures ne manquent pas vraiment. Il n?y a que le travail qui manque pour rattraper le retard qu?on a accusé sur les autres nations du continent, même si les moyens d?aujourd?hui ne sont pas ceux d?hier. En somme, je suis convaincu que le handball algérien rebondira.