Constat Quoi de plus révélateur que les chiffres. Il suffit de s?y pencher pour se rendre compte de l?hécatombe qui s?est abattue sur nos routes. 26 000 morts et 250 00 blessés dans 154 000 accidents ont été enregistrés sur nos routes en moins de dix ans. Le nombre continue de grimper en attendant que l?arsenal juridique soit renforcé. Ainsi, l?année 1995 avait connu 2 710 décès qui ont atteint les 3 363 en 2003 selon un bilan de la Gendarmerie nationale soit 24,9 % d?augmentation, alors que pour les blessés, le taux est de 149,23 % pour la même échéance. Ce qui représente un ratio de 16,8 morts pour 1 000 habitants, selon le ministre des Transports, Mohamed Meghlaoui. Un taux qui dépasse largement celui des pays occidentaux où il oscille entre 4 et 5 décès pour 1 000 habitants. Il faut dire que l?augmentation des accidents de la circulation trouve son explication essentiellement dans l?évolution rapide du parc automobile national qui est estimé aujourd?hui à 4 millions de véhicules tous types confondus. Une évolution qui n?a, manifestement, pas été suivie de l?amélioration des infrastructures routières. Ainsi, la RN 5, qui a une capacité de seulement 8 000 véhicules, doit en supporter 20 000, selon Noureddine Terbag, représentant du ministère des Transports. Lors de son intervention, hier, à l?Entv à l?occasion de la Journée nationale de lutte contre les accidents de la route, il indiquera qu?en 1970 le ratio d?un kilomètre de route en Algérie était de 11 véhicules. «Aujourd?hui, il est passé à plus de 32», dira-t-il. Pis encore, le parc automobile n?en finit pas de s?accroître à raison de 160 000 nouveaux véhicules par an. Toutefois, il fera remarquer que ce même parc est composé à 35 % de véhicules de plus de 20 ans. D?où la nécessité d?une agence de contrôle technique pour mieux filtrer les véhicules susceptibles de causer plus de malheurs sur nos routes. Lancé en 2003, le nombre d?agences de contrôle technique atteindra 113 à travers le territoire national en septembre 2004, selon M. Terbag. Cela a permis de contrôler 344 000 véhicules pour une mise à l?arrêt de 3 700 autres pour non-conformité. Côté procès-verbaux, il en ressort que sur les 1 400 000 P-V dressés par les services de l?ordre, seulement 300 000 ont été payés alors que les 80 % restants sont sans suite. Des chiffres que rapporte le colonel Aïssa Naïli, pour qui une nécessaire actualisation du Code de la route s?impose. «La loi 99-07 devenue 0-14 ne nous permet pas de poursuivre les chauffards vu qu?elle ne comporte pas les amendements nécessaires pour enclencher des poursuites judiciaires», dira-t-il. Un vide juridique qui permet malheureusement aux chauffards de contourner la loi laissant toujours planer le spectre de la mort sur nos routes. En attendant, c?est le secteur de la santé qui en fait les frais, en voyant s?élever le nombre de blessés et de handicapés qu?il faut prendre en charge. Les pouvoirs publics, pour leur part, voient l?addition s?alourdir au regard des 450 millions de dollars de dégâts matériels résultant des accidents de la route durant la dernière décennie, selon M. Terbag. Il indiquera au passage que chaque accident coûte 85 000 DA à l?Etat auxquels il faut ajouter les 170 000 DA de chaque blessé.