Mépris Des familles de Bab El-Hamra frôlent la déchéance et la clochardisation dans des conditions de vie «inhumaines, humiliantes et dégradantes». Elles accusent ouvertement les responsables locaux qui «n'ont pas accordé d?importance à notre situation désastreuse». Cet avis est partagé par un responsable local contacté à ce sujet : «L?ancien pénitencier est squatté depuis plusieurs années par des familles démunies de Sidi El-Houari et des Planteurs, notamment.» Cet état de fait pose un grand problème pour la survie des quelque 600 personnes végétant dans ce pénitencier désaffecté de sinistre mémoire, construit en 1857 par l?armée coloniale. Pour manifester le bien-fondé de leurs revendications, les «pensionnaires» du pénitencier menacent de recourir à une grève de la faim illimitée dans le but de rappeler aux responsables qu?ils sont 600 Algériens qui occupent des geôles depuis des lustres. «Qu?attendent les élus locaux pour se pencher sur notre problème et tenir leurs promesses distillées à fortes doses pendant les élections ?», déplorent les «occupants». Depuis plus de dix années, des familles entières ont, faute de mieux, élu domicile dans des cellules de 15 m2 dans un ancien pénitencier en décrépitude qu?abrite l?ex- caserne de Bab El-Hamra (porte du Santon), situé dans le vieux quartier de Sidi El-Houari. Composées en moyenne de six membres, ces familles tentent de survivre dans des conditions de vie les plus sommaires qui n?ont rien à envier aux hommes des cavernes. «Lorsqu?un enfant n?est pas mordu par un rat ou un chien errant, il contracte une maladie pathologique. Ce qui fait que je passe la majeure partie de mon temps dans les centres de santé», se plaint «un habitant» de ce pénitencier transformé en gîte. L?autre préoccupation majeure de ces familles est le manque flagrant d?hygiène, d?où les maladies qui ont fini par avoir raison de nombreux enfants. «Nous sommes continuellement confrontés à cet épineux problème qui fait des ravages parmi la population infantile très sensible aux maladies», nous dira un père de famille. A l?intérieur des cellules qui abritent les familles dans la pénombre, l?humidité suinte le long de murs fissurés. Les «pensionnaires» du pénitencier sont sérieusement angoissés par l?avenir. «Il faut que Bouteflika dépêche Ouyahia ici même. Qu?on nous dise si nous avons le droit, en tant que citoyens algériens, à un toit décent», s?indignent des pères de famille au bord de la dépression. Ainsi, ce sont 112 familles «détenues dans des cellules» qui attendent des pouvoirs publics le relogement promis. Décrépi et sale, le pénitencier est composé de quarante cellules vétustes, toutes occupées par des familles. Signalons que dans une grande salle trône encore, dans un coin, une guillotine rouillée, utilisée comme un jeu par les enfants?