Résumé de la 1re partie En 1920, l?hiver est glacial en Suède. Un matin, tout à coup, une tempête se déchaîne sur la vallée. Clignant des yeux dans la tempête, les cils gelés et douloureux, Inge affronte le blizzard, centimètre par centimètre, en encourageant l'animal. Elle a le souffle coupé par le froid. Derrière elle, Erik et Johana se sont aplatis dans le fond du traîneau, car ils ne tiendraient pas debout une seconde de plus. L'aînée tente l'impossible, mais elle est rapidement aveuglée et la jument n'avance pas, elle piétine, au contraire, à droite à gauche, résiste de toute sa carcasse. La poussée du vent est si forte que Inge doit renoncer. Changeant de tactique, elle tente maintenant de monter sur le dos de l'animal, pour essayer de voir le plus loin possible, mais peine perdue. A deux mètres au-dessus du sol, le blizzard est encore plus violent et lance des milliers de flocons gelés, étirés par la vitesse comme des lames de couteau. Inge lutte contre eux, le front baissé, et secoue les rênes avec rage. Elle voudrait faire demi-tour pour délivrer la bête de ce vent de face, véritable mur infranchissable. La jument tente un dernier effort, trébuche, se cabre et le traîneau se renverse, projetant les enfants dans la neige. Inge est littéralement catapultée et se retrouve plongée à mi-corps dans une espèce de trou. Une pellicule de glace a craqué sous son poids et elle en ressort avec peine. Sa robe de laine et ses bas gèlent aussitôt, mais elle n'y prend pas garde, son premier objectif est de redresser le traîneau. Erik et Johana font ce qu'ils peuvent de leur côté. Ils poussent, tirent, tandis que Inge encourage la jument. Mais il n'y a rien à faire, le traîneau est trop lourd et l'un des patins est coincé dans une congère. Il faudrait bien plus que trois paires de petits bras pour le remettre debout. D'ailleurs, le vent est contre eux, les enfants sont obligés d'abandonner. Il y a maintenant plus de deux heures que la jument s'est emballée. Epuisés par l'effort, les deux plus petits grelottent de froid et Inge ne sait plus quoi faire, sinon s'abriter et attendre, car la tempête ne se calme pas. Alors, elle improvise une sorte de hutte avec le traîneau renversé. Les cartables sont alignés sur la neige, elle pose une couverture dessus. Le fond du traîneau dressé sert de mur contre le vent et la couverture sert de toit. Inge installe les deux petits dans cet abri improvisé et c'est elle qui fait le deuxième mur de cette cahute à l'aide de sa cape d'écolière. Les bras étendus comme un grand oiseau, Inge offre son dos à la tempête. La jument Gala se débrouille seule ; en courbant l'échine, elle n'est plus qu'une statue de neige immobile. Le vent, la neige, la glace tourbillonnent autour du petit groupe, arrachant la toile, secouant la cape, obligeant la malheureuse Inge à inventer des ligatures de fortune et à les réinventer sans arrêt. C'est une lutte épuisante qui dure, dure, trois heures de tempête. Le vent ne se calme pas, cette neige est une neige de fin du monde. Epaisse, dure, elle tombe en flocons énormes et s'insinue partout, recouvrant tout, faisant une montagne de rien en quelques minutes. Inge secoue sans arrêt sa cape et la couverture pour éviter d'être ensevelie sous le poids de la neige. (à suivre...)