Evocation Si Mohand U M'hand est le poète de l?exil et de la souffrance. Il a eu un destin amer et tumultueux, marqué par les secousses de la vie qui ont ébranlé l?Algérie au XIXe siècle. Durant l?année 2005 sera célébré le centenaire de la disparition de l?illustre poète kabyle Si Mohand U M?hand. A cette occasion, diverses manifestations culturelles et artistiques sont prévues, allant des projections de films aux représentations théâtrales, en passant par des conférences et des rencontres autour de la vie et de l??uvre du poète. Younes Adli, un universitaire, qui prendra part à ces rencontres commémoratives, a animé, lundi, à la médiathèque Bachir-Mentouri (ex-Pichon, place Audin), une conférence ayant pour thème la vie et l??uvre de Si Mohand u M?hand. «Si Mohand U M?hand est le produit de deux faits historiques, dont chacun a profondément marqué l?Algérie du XIXe siècle. Il y a d?abord l?année 1857, au cours de laquelle le village natal de Si Mohand U M?hand a été rasé par l?occupation coloniale pour y construire un fort militaire ; ses habitants avaient été évacués vers les villages avoisinants. Si Mohand et sa famille étaient allés vivre chez un oncle. Il y a aussi l?année 1971, pendant laquelle il y a eu une guerre insurrectionnelle menée par la confrérie El-Rahmania, remettant en question l?occupation française, mais malheureusement, cette révolte a abouti sur un échec. La population a subi une répression féroce : le village fut brûlé et rasé, Le père de Si Mohand U M?hand fut fusillé, sa mère et son frère préférèrent s?exiler en Tunisie, alors que son oncle fut déporté en Nouvelle-Calédonie», a rapporté l?intervenant, ajoutant : «Si Mohand U M?hand se retrouva alors seul et sans aucun bien. Il n?avait aucune raison de rester chez lui. C?est alors qu?il entame son errance à travers toute l?Algérie,et même bien au-delà, jusqu?en Tunisie.» Si Mohand U M?hand s?en allait donc au hasard des sentiers et des chemins, au gré de son inspiration poétique. «C?est dans son errance qu?il forgea sa poésie», a expliqué Younes Adli, précisant que «le poète composait un poème dès qu?il assistait à un événement fort et marquant». Cela revient à dire que la poésie de Si Mohand U M?hand est ancrée dans un contexte social et historique, que le poète a vécu l?Histoire et, à travers sa poésie, est racontée l?histoire de sa société. Chaque poème raconte donc une histoire, car «pour Si Mohand U M?hand il est nécessaire, dès qu?il y a un chamboulement dans l?Histoire, de consigner les changements survenus dans son temps». De ses trente-cinq années d?errance, «on n?a pu recenser que 360 poèmes, ce qui est très peu, voire faible. On n?a pas encore récolté l?essentiel de sa production poétique, sachant qu?une grande partie demeure dans les mémoires. Toutefois, la mémoire ne peut résister au temps, à l?oubli», a souligné Younes Adli. N?écrivant pas ses ?uvres et ne les répétant pas, Mohand U M?hand, qui avait réussi à faire sortir la poésie kabyle de ses montagnes pour la propager, çà et là, à travers toute l?Algérie et même au-delà des frontières (Tunisie), avait une technique spécifique : le neuvin (9 vers), à travers lequel il véhiculait un message. Cette conférence a eu lieu à l?occasion de la commémoration du 99e anniversaire de la disparition de Si Mohand U M?hand, le poète de l?errance, de la liberté, mais aussi de la souffrance. Il est à rappeler qu?un programme culturel et artistique est prévu pour l?année 2005, célébrant le centenaire de la disparition de l?artisan du verbe, décédé le 28 décembre 1905.