«Regard sur la production de Si Mohand U M?hand, un siècle après», a constitué l?autre thème du centenaire. Younès Adli, président du comité d?organisation du centenaire, relève deux dates : «Si Mohand U M?hand a connu deux drames, deux événements majeurs, deux traumatismes qui ont bouleversé sa vie et l?ont marqué à jamais. 1857 est l?année où Si Mohand U M?hand, adolescent, a assisté à la destruction de son village par l?armée française. Il fut déporté. Plus tard, en 1871, il vit une autre tragédie [plus violente] : sa famille dont les membres s?engagèrent dans la révolution furent activement recherchés. L'un s'enfuit en Tunisie, un autre fut déporté en Nouvelle-Calédonie ; quant à son père, il fut fusillé, et Mohand, lui-même, échappa de justesse à la mort.» Ainsi, Si Mohand, stable jusqu?ici, «se voit brusquement jeté sur les routes de l?errance», dit-il. Il parcourut villes et villages. Il s?en alla par les chemins pour d?autres cieux. Il parcourut ainsi l?Algérie, allant jusqu?en Tunisie. Durant sa vie vagabonde, Si Mohand partout rimait et semait des poésies à tous vents. Toute l??uvre de Si Mohand U M?hand ressemble à une confession. On peut y voir les rêveries d?un poète solitaire et l?expression subjective et privilégiée des émotions et des sentiments humains. Hormis quelques formules proverbiales, on n?y trouve en effet aucun didactisme ou moralisation. Si Mohand U M?hand est un «sentimental» qui utilise le sentiment comme fonction prédominante, son rapport au monde l?est également, ainsi que son expression poétique, révélant une grande richesse intérieure et une profonde sensibilité. Outre l?amour, l?exil et le destin, d?autres thuriféraires accordent plus d?attention au thème de l?errance, car cela exprime parfaitement la vie de Si Mohand U M?hand.