Menace Lors d'une visite des locaux de la chaîne Al-Djazira, le président égyptien Hosni Moubarak, surpris par la modestie des lieux, dira : «Tout ce tapage est venu de cette boîte à sardines !» Qualifiée d?agitatrice, Al-Djazira fait partie de ces chaînes arabophones qui dérangent. Les dirigeants arabes s?en plaignent régulièrement. Le ministère qatari des Affaires étrangères a ainsi reçu près de 400 plaintes officielles. On l?a suspectée parfois d?être au service de «l'ennemi sioniste». Quant au gouvernement koweïtien, il soutient que la chaîne est un instrument de l'Irak. Les Saoudiens affirment, de leur côté, qu'elle est «brillante et précise» mais que, en tant que rejeton de la BBC, «elle n'est qu'un cadeau empoisonné». La Jordanie et le Koweït ont fermé les bureaux locaux d'Al-Djazira. De son côté, le ministre de la Défense irakien, Hazem Chaâlane, s'en est vivement pris à la chaîne satellitaire Al-Djazira qu'il a qualifiée de «chaîne du terrorisme», dans un entretien publié le 23 novembre dernier par le quotidien arabe Asharq Al-Awsat. Il ne sera pas le seul puisqu?en Occident, on soutient également cette thèse. A l?occasion du troisième Forum eurasiatique des médias internationaux, qui s?est déroulé du 22 au 24 avril 2004 à Almaty, au Kazakhstan, Richard Perle, conseiller politique du ministre de la Défense américain, Donald Rumsfeld, a fortement critiqué certaines chaînes de télévision arabes. Ses attaques les plus acerbes s?adressaient à Al-Djazira, qu?il a décrite comme «véhiculant des idées politiques douteuses». Perle affirme : «C?est d?ailleurs parce qu?Al-Djazira défend une idéologie malfaisante que Ben Laden envoie ses enregistrements à cette chaîne.» L?autre mauvais élève aux yeux des Occidentaux est Al Manar, la chaîne de télévision satellitaire du Hezbollah chiite libanais. Un mois exactement après l'avoir autorisée, le CSA a interdit, vendredi, Al Manar de diffuser via l'opérateur satellitaire Eutelsat en résiliant sa convention. La procédure de sanction a été engagée par l'instance le 7 décembre dernier. On reproche à la chaîne du Hezbollah de «tenir des propos racistes et antisémites». Les Etats-Unis annonceront le 18 du même mois avoir classé Al Manar parmi les organisations terroristes, ce qui a entraîné aussitôt sa disparition des écrans américains. D?autres chaînes sont aussi dans le collimateur des Occidentaux qui y voient une vraie menace pour eux.