Caractéristique L?alimentation des Algériens, du fait de la dégradation du pouvoir d?achat, est riche en féculents et pauvre en protéino-calorique. Force est de constater que les différentes enquêtes portant sur la malnutrition en Algérie soutiennent toutes la thèse selon laquelle les Algériens consomment de moins en moins de viande, d??ufs, mais également, à un degré moindre, les produits laitiers, les légumes frais et les fruits. Contrairement à ces produits dont la fréquence de consommation a baissé et les céréales dont la consommation présente une certaine stabilité, les pâtes, le riz et autres légumineuses comme les lentilles, les haricots secs? sont consommés en quantités et à des fréquences sensiblement plus importantes. En effet, les témoignages recueillis auprès de certaines ménagères abondent tous dans ce sens. Agée de 48 ans, Fatima, femme au foyer et mère de quatre enfants, fait remarquer qu'elle a renoncé, depuis quelques années déjà, à l'achat de certains aliments, bien qu'elle soit consciente de leur nécessité pour la croissance de ses enfants. «Le salaire de mon mari suffit à peine à satisfaire nos besoins les plus rudimentaires. Mes enfants ont tous un teint pâle et hâve? Un plat garni de viande est devenu chez nous presque une chimère», souligne-t-elle. De son côté, Ali, père de famille, mécanicien de profession, déclare avoir réduit les achats de certains produits tels que la viande, les fruits et l?huile, voire abandonner la consommation de certains de ces produits. «Les deux derniers enfants souffrent, depuis quelque temps, d'anémie et d?une fragilité des os, je suis conscient que ces troubles de santé sont générés par une carence nutritionnelle. Pour y remédier, j'ai dû priver le reste de la famille de beaucoup de choses afin de pouvoir leur assurer de temps à autre une alimentation riche en protéines», témoigne-t-il. Ce comportement demeure très fréquent chez de nombreuses familles qui cultivent une tendance au remplacement des aliments vitaux, pour le corps, tels les protéines animales, les lipides et les fruits et légumes frais, par les produits à base de céréales et de féculents qui coûtent moins cher et qui tout en étant essentiels à l?organisme ne peuvent, à eux seuls, lui suffire. La baisse du pouvoir d?achat des ménages a donc imposé à ces derniers un retour inéluctable à un modèle de consommation à dominante «céréales». Une attitude qui n'est pas d'ailleurs sans conséquence, puisqu'elle se traduit par l?apparition d?une malnutrition protéino-calorique qui affecte plus particulièrement les catégories sociales vulnérables (enfants, femmes allaitantes, vieillards).