Cause n Toutes les études effectuées sont formelles : la malnutrition a souvent pour origine une pauvreté structurelle. Près d'une famille sur cinq ne dispose pas de sa ration calorique journalière. Autrement dit, «manger à sa faim quotidiennement». Pour preuve, la Forem, avance les «deux millions de couffins du ramadan distribués par le ministère de la Solidarité» durant le mois sacré. Une étude du Centre national d'études et d'analyses pour la population et le développement (Ceneap) consacrée au filet social démontre que «les plus pauvres ont tendance à consacrer la majeure partie de ce qu'ils reçoivent comme argent à leur alimentation». Ainsi, nous apprenons que les deux tiers des bénéficiaires du filet social dépensent la totalité de leur maigre pension en alimentation. 70% des personnes âgées en font de même, au moment où les personnes handicapées consacrent 54% de leur «budget» pour le même usage. Il apparaît clairement, lit-on dans le document de la Forem, que l'alimentation déséquilibrée et la malnutrition ont «souvent pour origine une pauvreté structurelle». Une autre étude effectuée par l'Agence nationale de l'aménagement du territoire (ANAT) en 2004 montre que 80% des 1 541 communes du pays ont un ratio de moins de 3 dollars/jour par habitant. Les communes les plus touchées sont, encore une fois, celles des Hauts-Plateaux et du Sud. Le PNUD considère, de son côté, que la pauvreté absolue (soit moins de 1 dollar / jour par habitant) touche pas moins de 14% de la population algérienne. Le Conseil national économique et social (Cnes) qui nous a habitués à ses analyses percutantes et sans équivoque, relève cependant, dans son rapport de 2004, une certaine amélioration de la situation puisque «la population qui vit en deçà du seuil de pauvreté alimentaire (moins de 2 100 calories/jour) a amorcé une tendance à la baisse depuis 1995» passant de 5,7% cette année-là à 1,9% en 2003. Et la tendance se confirme quand on compare la situation en Algérie à celle qui prévaut en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Les choses se sont quelque peu améliorées, en effet, si l'on retourne une décennie en arrière. Une autre enquête du Ceneap a révélé une nette détérioration du modèle de consommation au cours de la période 1993-1997, soit l'une des plus sombres périodes vécues par l'Algérie indépendante. Pour la plupart des biens de consommation, cette période a enregistré une diminution des fréquences de consommation. La baisse avait notamment touché les viandes, les œufs, les produits laitiers, les fruits et les légumes. D'autres produits avaient, en revanche, vu leur fréquence augmenter à l'image du riz, des pâtes et des légumes secs. 42% des personnes interrogées au cours de l'enquête avaient affirmé avoir «serré la ceinture», autrement dit, avoir diminué leurs achats d'aliments. 14% d'entre elles avaient par ailleurs indiqué qu'elle avaient cessé d'acheter une certaine catégorie de produits. Un ménage sur deux (56%) ont restreint leurs achats ou carrément renoncé à la consommation de la viande, des produits laitiers, des légumes… Depuis, la situation s'est certes améliorée à la faveur de l'embellie financière que connaît le pays. Mais il demeure certains que des millions d'Algériens ont dû serrer encore une fois la ceinture à la suite de la récente flambée des prix des produits de première nécessité.