La Bibliothèque nationale a consacré la journée de dimanche dernier à une grande dame du théâtre algérien. Dans le cadre de la 9e édition du Café théâtre, la Bibliothèque nationale d'El Hamma a reçu dimanche la réalisatrice Fouzia Aït El Hadj. La dame du théâtre a passé en revue son expérience et son parcours théâtral en tant qu'artiste. De nombreux acteurs et dramaturges étaient présents en signe de témoignage de considération à une dame qui a beaucoup donné pour la théâtre algérien. Fouzia Aït El Hadj est revenue sur les débuts de sa carrière, commencée par des petites interprétations chez les soeurs, comme la pièce «Le chat botté». Cette passion tient de son père poète en langue tamazigh. Ce début aura une suite avec des interprétations de rôles de plus en plus difficiles avec à la clé celle de jouer dans des pièces du dramaturge élisabéthain William Shakespeare ou encore Molière. Une époque bien particulière des années 1970, mais perturbée par les idées politiques réductrices qui n'ont pas donné à l'art de s'épanouir. La réalisatrice est revenue aussi sur son expérience inespérée dans l'ex-URSS où elle a passé 6 années à étudier le théâtre de grands dramaturges russes, complétées par une autre formation en Italie avant le retour au pays en 1985. Ce qui lui permit d'ouvrir des sections de spécialisation à l'Inadc après le gel de leur activité en 1975. La conférencière a su capter l'intérêt du nombreux public présent dans la salle de la BN. En guise de démonstration, l'une des réalisations les plus achevées de Fouzia Aït El Hadj «Sbitar Fi Maascar», donnée en représentation exclusive a illustré le propos de la conférencière. Cette oeuvre a été présentée récemment au Festival international de théâtre indépendant de Amman en Jordanie. Mme Aït El Hadj a tenu à préciser que cette pièce a eu un franc succès, le public était nombreux et a longuement applaudi cette création de la metteur en scène algérienne. Toutefois, Mme Aït El Hadj a relevé le problème de la langue, faisant remarquer que des critiques ont été formulées à ce propos. Il faut dire aussi que la langue usitée, le dialecte algérien, reste quelque peu impénétrable pour le public moyen-oriental. Fouzia Aït El Hadj ajoute à ce sujet: «Je trouve que c'est insensé de présenter mes pièces dans une autre langue hormis la nôtre, car elle reflète avant tout la société algérienne». Faisant remarquer que ce qui minimise le rôle de la langue dans les oeuvres théâtrales algériennes est que souvent le théâtre fait appel à d'autres moyens de communication comme la gestuelle, l'expression corporelle et l'humour frappant qui ajoutent joie et grain de folie aux artistes quand il sont sur scène.