Mémoire El-Gusto est né d?un hasard. L?aventure a commencé pendant l?été 2004, lorsque Safinez Bousbia a fait une rencontre fortuite avec M. Ferkioui, un nom de la musique chaâbie. El-Gusto est l?intitulé du film documentaire réalisé par Safinez Bousbia. C?est l?histoire d?un groupe de musiciens (comme Mustapha Tahmi, Hamed Bernaoui, El-Hadi El-Anka, Abdelkader Chercham, Mohamed Laâgab, Hamaï Mebrouk?) ayant marqué le chaâbi des années 1940 jusqu?aux années 1970. El-Gusto est né d?un hasard. L?aventure a commencé, pendant l?été, au mois d?août 2004, lorsque Safinez, la réalisatrice, a fait une rencontre fortuite avec M. Ferkioui qui, à travers une discussion sur sa carrière de musicien d?antan, lui souffle l?idée d?imaginer un scénario, et donc de nourrir l?ambition de réaliser un documentaire réunissant, après une trentaine d?années de séparation, ces musiciens (encore vivants), empreintes de musique chaâbie. «J?étais en vacances, au mois d?août, avec une amie étrangère, et je lui faisais visiter la Casbah ; lors de notre visite, on est tombé sur le propriétaire d?une miroiterie. C?était M. Ferkioui. On a sympathisé et, au cours de la discussion, on s?est rendu compte qu?il était musicien, ancien chef d?orchestre (de 1940 à 1970). Il nous a parlé de sa carrière et nous a montré des photos de lui et de ses amis, eux aussi musiciens. Et de là, j?ai eu l?idée d?aller à la rencontre de ceux encore vivants, pour les réunir, un mois après, à Dar Aziza», raconte Safinez Bousbia. Sa recherche fructueuse la met donc en contact avec des endroits et des gens, et même avec l?histoire. Sa détermination l?amène à exhumer une mémoire longtemps oubliée pour certains, ou encore ignorée pour la plupart. La rencontre, attachante, a eu lieu donc au mois de septembre, à Dar Aziza. Safinez a filmé. «J?ai filmé la rencontre, les musiciens, leur témoignage, et j?ai présenté le film au ministère de la Culture, accompagné d?une lettre dans laquelle je décrivais la situation sociale et morale de l?artiste, et aussi en sollicitant un soutien financier pour assurer la réalisation de la totalité de mon projet. Il se trouve, hélas, que je n?ai pas eu de suite à ma demande», explique-t-elle. Safinez, plus déterminée que jamais, retourne en Irlande où elle vit. Et là-bas, elle n?hésite pas à faire la promotion de son projet. Surprise ! En sollicitant l?aide d?associations versées dans l?audiovisuel, elle parvient à décrocher quelques soutiens. Safinez revient au mois de décembre à Alger où elle entame le tournage de la première partie de son documentaire. El-Gusto s?organise en deux parties de 52 minutes chacune. La première se déroule à Alger, montrant la rencontre, faisant le portrait des diverses communautés locales exposées à travers la musique chaâbie, révélant différents témoignages et divers points de vue sur le sujet (chaâbi). La première partie, dont le tournage est achevé, a été couronné par un concert donné au Palais de la culture par tous ces musiciens que Safinez a rencontrés. Cet événement conduira plus tard l?orchestre, lors de la deuxième partie, à se rendre en France par bateau sur les traces d?une partie de la culture algérienne qui s?est vue, un jour, obligée de quitter l?Algérie. L?orchestre se réunira avec les musiciens encore vivants qui faisaient autrefois partie de la même école. En effet, il est important de souligner que ces musiciens que Safinez a rencontrés (et veut rencontrer en France) ont tous fait partie, à l?époque, de la même école où El-Anka était leur maître. L?ensemble de l?orchestre, une fois réuni, donnera un concert à l?Olympia à Paris. Celui-ci sera dédié à la communauté d?émigrés algériens établie en France. «L?objectif de mon projet est de mettre l?accent sur un patrimoine qui, un jour, sera emporté. Ce qui reste du chaâbi de l?époque sera à jamais disparu si rien n?est fait, aujourd?hui, pour le préserver. Et pour cela, il est important de réhabiliter la condition de tous ces musiciens, véritables témoins, qui ont porté haut la culture du chaâbi», explique-t-elle. Le documentaire El-Gusto s?achève par un concert regroupant tous les musiciens (ceux d?Alger et de France), qui aura lieu dans le mythique théâtre romain de Timgad. «Et pour parvenir au bout de ce projet culturel, je sollicite l?implication (financière) de partenaires en mesure de me soutenir dans mon entreprise culturelle qui est un devoir de mémoire», conclut-elle.