L?enseignement de l?histoire de l?Algérie se fait d?une manière superficielle, empêchant le sujet de revêtir intégralement son identité. Notre histoire est plurielle et, à cet effet, l?Algérie constitue une tresse d?histoires, dont chacune représente une époque, marquée par des gens ; chacune se définit selon une organisation historique propre, essentielle dans le déroulement de notre existence ; et il se trouve, au grand regret de tous, que cette histoire aux aspects divers et aux dimensions multiples et déterminantes dans l?accomplissement, aujourd?hui, de chacun, est méconnue par un grand nombre d?Algériens qui semblent n?avoir aucune connaissance de leur passé, ou seulement quelques bribes. Cette inculture semble trouver son origine dans le fait que la jeunesse algérienne ne prête pas la moindre attention, disons le moindre intérêt, à son histoire ; son seul souci, c?est le présent, sans tenir aucunement compte de son passé, parce que l?Algérien est tellement miné et happé par son quotidien qu?il ne trouve plus le temps de s?interroger sur son histoire. Les Algériens sont enfermés dans le carcan qu?est le présent, ils sont isolés, coupés de leur origine, qu?est l?histoire. Et sans tenir compte de l?histoire, point de repères ni d?ancrages. C?est un peuple perdu et perturbé, instable et incomplet. D?autres raisons viennent expliquer cette ignorance, à savoir l?enseignement de l?histoire algérienne dans les écoles qui ne se fait pas de manière pédagogique et pragmatique ; c?est un enseignement qui se fait de façon superficielle, il est disparate et insuffisant. Ensuite une grande partie de notre histoire est occultée par les manuels scolaires ; ainsi, tout un pan n?y figure pas et de ce fait n?est pas enseigné. Cela participe à la crise identitaire de l?individu. Il n?y a que cette histoire conçue et écrite par l?institution et qui est véhiculée, enseignée, voire imposée au sujet, qu?est l?élève. Il y a une réappropriation de l?histoire de la part des politiques, qui la travestissent à des fins idéologiques. C?est-à-dire pour mieux manipuler le citoyen. Le sujet, dépossédé de sa mémoire, ne peut, en effet, revendiquer un droit et ne peut disputer sa place au sein de l?action politique puisqu?il erre continuellement dans un égarement identitaire ? et social ? absolu. Ainsi, l?histoire de l?Algérie ne se résume qu?à des dates épisodiques, ; et entre les événements se trouve un vide. La jeunesse algérienne n?a pas accès à toute l?histoire de l?Algérie, elle n?a pas un accès direct à son passé. Nombreux sont ceux ? hormis les avertis et ils sont peu nombreux ? qui ignorent que l?histoire de l?Algérie remonte à l?ère préhistorique, et que le pays a donc deux millions d?années d?existence. Chacun situe son existence historique selon ses connaissances en matière d?histoire : certains la situent dans l?Antiquité, d?autres avec l?arrivée des Arabes, d?autres encore pendant la période ottomane et même, pour certains, à partir de 1830. Pis encore, il y a des gens qui ne situent leur histoire que dans leur présent. C?est-à-dire à partir de leur année de naissance ; et tout ce qui précède leur naissance n?appartient qu?à leurs parents ou à leurs grands-parents. C?est quelque chose qui ne correspond pas à leur époque. D?autres encore se sentent étrangers à certaines périodes formant d?une manière intrinsèque leur histoire. Ils pensent ne pas appartenir à cette mémoire, la jugeant décalée, opaque, décousue, désordonnée, voire contradictoire. Or ils ignorent que leur histoire est une succession d?événements liés les uns aux autres, voire une complémentarité de leur vécu présent. En effet, certains Algériens ? et ils sont nombreux ? ne possèdent pas le sens de la réalité historique ; en somme, ils n?ont pas conscience de leur mémoire : nombreux sont ceux, notamment les nouvelles générations, qui ne parviennent pas à imaginer une histoire d?une telle portée. Ainsi, l?Algérien présente une profonde méconnaissance de son histoire, d?où l?incertitude, la confusion et la contradiction, les antagonismes et les conflits marquant son existence présente.