InfoSoir : Quelles sont les causes du diabète en Algérie ? Mourad Ouhadda : Hormis les facteurs héréditaires, il y a le stress engendré par les conditions difficiles de vie. Les chocs émotionnels aussi, particulièrement lors des catastrophes naturelles. Après le séisme de 2003, 11 enfants de moins de 10 ans sont devenus diabétiques ! Le régime alimentaire de l?Algérien s?est complètement métamorphosé. À titre d?exemple, les boissons gazeuses remplacent aujourd?hui les bouteilles d?eau sur les tables, pourtant l?eau est indispensable ! Les pizzerias et les fast-foods fleurissent et proposent différentes fritures?, ces produits appelés «excitants de sucres lents» peuvent entraîner un diabète à long terme. Il faut faire attention. Le changement des habitudes alimentaires, l?obésité et le manque d?exercice sont autant de facteurs de risques. Les structures de prises en charge sont-elles suffisantes ? Elles se sont améliorées ces derniers temps, mais elles sont insuffisantes. Il est indispensable aujourd?hui de les élargir au territoire national. Nous comptons 28 maisons de diabétiques, l?idéal serait d?en recenser 48 qui peuvent accueillir tous les malades du pays. Quelle est la particularité de ces maisons ? Avant son hospitalisation dans un CHU, le diabétique doit passer de nombreux tests : fond d??il, examen cardiaque et médecine interne. Chaque examen coûte trois mois de temps. Au total neuf mois d?examen et avant sa prise en charge ! Ce qui n?est pas normal. Ainsi, ces maisons seraient des hôpitaux de jour, le malade pourrait y faire tous ses examens en une seule journée et se faire hospitaliser, si c?est nécessaire, sur place. Ces structures seraient équipées de médecins spécialisés (psychologue, gynécologue, ophtalmologue, cardiologue, diabétologue, diététicien et laborantin). Les médicaments sont-ils disponibles ? Actuellement, il y a une grave pénurie de médicaments essentiels, notamment de la Fluorcine et ce, depuis 11 mois. Cette ampoule est introuvable dans les officines, les hôpitaux, les cliniques privées et même à la Pharmacie centrale, ce qui n?est pas normal. Les diabétiques en souffrent et risquent même de graves problèmes de vision, si la carence persiste. Ce traitement est indispensable pour effectuer les examens de fond d??il (examens qui se font obligatoirement tous les trois mois) et soigner les lésions causées par le diabète avec le laser. Le malade risque la cécité. Nous avons, à maintes reprises, sollicité le ministère de la Santé, mais nos correspondances sont restées lettres mortes. (*) Président de la fédération des associations des diabétiques