Rencontre L?école indigène était, en fait, un ghetto qui réunissait tous les enfants de colonisés. Le café littéraire, qui s?est tenu, lundi, à la Bibliothèque nationale, a accueilli Belaribi Kadri, auteur de l?ouvrage De l?école indigène à l?an 2000? et des poussières, coédité par ASL et la BN. Le directeur de la bibliothèque, Amine Zaoui, a salué l?ouvrage de Belaribi Kadri, le qualifiant de «grande ?uvre même si elle a été faite dans un style simple». «C?est un livre simple, mais écrit dans un style poétique. En plus, il est profond, recelant une grande sensibilité, celle de l?auteur», a-t-il dit, ajoutant que «ce livre, qui retrace l?histoire de l?Algérie à l?époque coloniale, rappelle les écrits de Mouloud Mammeri (La Colline oubliée), de Mouloud Feraoun et la trilogie de Mohamed Dib dans la mesure où il est question de l?école indigène». Préfacé par Amine Zaoui, écrivain, le livre s?avère un document historique puisqu?il raconte, en mêlant anecdotes et moments forts, poignants, le vécu des élèves algériens, dits, à l?époque, «indigènes». Il raconte leurs bonheurs, mais aussi leurs souffrances. Il retrace en fait le rapport que l?élève algérien entretenait avec son milieu scolaire. L?auteur en garde de grands souvenirs et une expérience qui l?a marqué à jamais. «L?école indigène était plutôt un ghetto qu?autre chose», a-t-il expliqué. Et de reprendre : «Ce n?était pas une école indigène, mais plutôt une école pour indigènes», donc pour ces Algériens non Français. C?est-à-dire les colonisés, les marginaux. L?auteur rappelle que dans l?école indigène, le taux de réussite était loin d?être élevé. «Sur 50 étaient retenus seulement 7 élèves, lors du concours d?entrée en sixième», précise-t-il, affirmant que «le parcours était difficile, parfois impossible pour la plupart». «L?administration coloniale a créé l?école indigène pour avoir la conscience tranquille, pour dire qu?elle a dispensé la scolarisation au colonisé. Il se trouve qu?il y avait une école pour les enfants de colonisés et une école pour les enfants de colons, et les enfants indigènes n?étaient pas autorisés à accéder à l?école française. Donc l?on vivait dans une sorte de ghetto, et le discours que véhiculait l?administration coloniale était bien un leurre à partir du moment où la ségrégation y était pratiquée, l?administration coloniale avait une vision sectaire de la société», a ajouté Belaribi Kadri. Le livre peut paraître comme une autobiographie, même si l?auteur ne partage pas cet avis. «Oui, on peut le considérer comme une autobiographie», dit-il sans trop de conviction. Et d?ajouter : «Ce que l?on peut percevoir, c?est un regard d?enfant qui se promène dans ce récit.» Il se trouve que ce regard, conjugué à la troisième personne du singulier, peut être celui de l?auteur.