Rencontre Le Centre culturel allemand d?Alger, qui compte réinvestir le paysage culturel algérien, participe à l?animation par un riche programme. Après le concert de musique électronique d?Allemagne qui a eu lieu il y a une semaine, l?institut Goethe a animé, lundi, en partenariat avec la Bibliothèque nationale, un café littéraire au siège de la bibliothèque. La rencontre, animée par l?écrivain et chercheur arabophone Stefan Weidner, avait pour objet la traduction et la place de la littérature algérienne ? et aussi arabe ? dans la société intellectuelle allemande. Stefan Weidner a précisé, dans son intervention, que le seul moyen de rapprocher les communautés internationales est la pensée, car elle constitue «un pont entre les cultures et les sociétés». Et d?ajouter : «La pensée enclenche et renforce le dialogue intellectuel entre l?Orient et l?Occident.» Pour parvenir à jeter des ponts entre l?Allemagne et le monde arabe, il faut aller vers l?autre, prendre connaissance de sa production intellectuelle, donc de sa pensée. Pour cela, la traduction joue un rôle capital dans le rapprochement des cultures. La réalisation du projet Midad est l?un des outils essentiels pour approfondir le dialogue. Midad, ce forum littéraire auquel participent 75 auteurs arabes (jeunes) via Internet, est initié conjointement par tous les instituts Goethe présents dans les pays arabes. Dans le même sillage, un autre projet, Ecrivains de ville, sera prochainement réalisé en collaboration avec les écrivains allemands et la chaîne télévisée Arte. L?intervenant, Stefan Weidner, a souligné, par ailleurs, que «la littérature arabe commence depuis quelques années à occuper une place significative dans le paysage éditorial allemand». «Il y a 15 ans, l?édition allemande prêtait moins d?intérêt à la littérature arabe ; l?on ne relevait seulement que cinq à dix titres, mais depuis, le nombre de titres a augmenté, il est estimé aujourd?hui à plus de 200.» Et d?ajouter : «Il se trouve que les auteurs les plus représentés en Allemagne, donc les plus édités, sont des auteurs algériens comme Rachid Boudjedra, Assia Djebar, Malika Mokadem, Wacyni Laâradj, Tahar Ouattar, Anouar Ben Malek, Mohamed Dib, Ali Ghalem?» Il est à rappeler que la littérature arabe était à l?honneur lors du dernier Salon international du livre de Francfort, qui s?est tenu au mois d?octobre dernier, et qu?elle a eu un accueil retentissant. L?autre initiative entreprise par l?institut Goethe est de faire connaître en Allemagne de jeunes écrivains algériens de la nouvelle génération, en traduisant leurs textes en allemand. Cinq auteurs ont été choisis : Nassira Belloula et Mustapha Benfodil pour ce qui est des écrivains francophones ; H?mida El-Ayachi, Abdelwahab Ben Mensour et Yasmina Saleh pour les arabophones. «La littérature algérienne se résume, pour le lectorat étranger, en particulier allemand, à Mohamed Dib, Assia Djebar, Kateb Yacine, ou encore Rachid Boudjedra. Il faut sortir du ghetto français en allant au-delà (Italie, Allemagne) ; il faut aller vers d?autres pays pour faire connaître notre littérature et non pas se cantonner uniquement au paysage éditorial français», a déclaré Amine Zaoui, directeur de la Bibliothèque nationale.