Sens Autrefois, les interprètes de rêves formaient un corps professionnel. Dans la tradition algérienne, tous les rêves ne reçoivent pas d?interprétation : ils ne portent aucun message, et dès qu?on se réveille, ils sont oubliés. En revanche, les rêves, qui laissent une profonde impression et se fixent dans la mémoire, ont une signification. Comme dans d?autres cultures, on croit que le sens des rêves est voilé et que leurs éléments renvoient à d?autres éléments, avec lesquels on établit une correspondance symbolique. On exclura les rêves clairs qui, eux, annoncent, sans passer par le symbole, les événements. Mais ce type de rêve est très rare et, dans la tradition musulmane, il est surtout réservé aux prophètes, aux saints et aux hommes pieux. L?interprétation des rêves était dévolue, autrefois, à des spécialistes : les interprètes de rêves, qui formaient un corps professionnel, mais, aujourd?hui, ce genre de personnage a disparu ou alors est devenu très rare. On recourt encore, dans les campagnes, aux services des imams ou des marabouts (cheikhs), qui ont accès aux livres et connaissent le Coran, mais dans l?ensemble, on s?adresse à des proches, notamment les personnes âgées, qui ont souvent, dans ce domaine, une certaine expérience. On consulte les ouvrages musulmans consacrés au rêve (ils sont assez nombreux) et on puise dans le vaste répertoire des symboles algériens, répertoires datant, sans doute, de plusieurs siècles, voire de millénaires. Il est d?usage, quand quelqu?un raconte un rêve, de lui dire : «Dieu fasse que ce soit un bien» (lkhir incha?Allah), et le rêveur de répondre par une formule du genre : «Un bien que tu trouveras.» On évite toujours, quand il s?agit d?un mauvais présage, de le dire au rêveur. On ne raconte pas ses rêves à des personnes antipathiques ou qui ont la réputation de porter malheur. Dans la tradition aussi, quand on croit avoir fait un mauvais rêve ou que l?on sent que le rêve est l?annonce d?un malheur, on procède à des rites de conjuration. Le plus répandu consiste à verser du sel et à dire : «Mon rêve ne se réalisera que le jour où ce sel germera.» Suivant l?exemple du Prophète, quand on fait un cauchemar ou que l?on se réveille en sursaut, effrayé par un mauvais rêve, on prononce la formule : «Je cherche un refuge auprès de Dieu» et on se rendort, en changeant de côté.