Interrogation «De nombreux jouets, théoriquement interdits d?entrée en Algérie, remplissent les magasins. Comment ces gadgets n?ont-ils pas été saisis au port ?», se demande le propriétaire d?une boutique. Pour illustrer ses dires, Mohamed montre deux jouets dont la marque diffère et qui sont une miniature de l?équipement d?un policier (menottes, talkie-walkie, bâton, sifflet, grenade?). «Normalement, l?importation de ce gadget avec pistolet est prohibée par les autorités. Un opérateur me l?a fait savoir lorsque je lui ai formulé ma commande. Pourtant, j?ai pu me procurer facilement le même produit chez un autre importateur de jouets. Comment ce produit a-t-il atterri sur le marché ?», s?interroge-t-il en précisant que l?équipement avec pistolet est prisé par les enfants et les parents malgré sa cherté. «Les objets contondants, comme les épées, sont également interdits ; pourtant, on peut les trouver sur le marché. J?ai vu même des flèches dangereuses en ce sens qu?elles peuvent blesser les enfants. Des revolvers en plastique ont été importés dernièrement, ils semblaient vrais. Les jeunes s?en sont servis, en mettant du plâtre à l?intérieur pour les alourdir et les rendre plus vrais, pour agresser les gens.» Le jeune commerçant précise encore que les jouets éducatifs ne sont guère la priorité des importateurs qui s?inspirent souvent des publicités européennes sans avoir au préalable une quelconque stratégie. «Tous les produits que vous voyez ici sont d?origine chinoise, c?est de la contrefaçon, ce n?est pas la vraie marque. Pourtant, l?Europe bannit les jouets chinois de son territoire, car ils ne respectent pas les normes d?hygiène et de sécurité. Tout est contrôlé chez eux. Nos importateurs, en revanche, se rabattent sur cette marchandise, car la main-d??uvre chinoise n?est pas coûteuse, donc leurs frais sont minimes et c?est ce qui est le plus important pour nos opérateurs.» Le vendeur explique encore que les rares entreprises algériennes, qui ont investi dans ce créneau, piratent, sans plus, des produits étrangers. «Elles reproduisent souvent Scrabble et Monopoly comme vous le voyez ici. C?est du piratage pur et simple.» Mohamed déclare encore que si les véritables jouets étaient importés, en respectant les normes internationales, les prix seraient inaccessibles aux Algériens. «Une vraie petite peluche pourrait coûter jusqu?à 2 000 DA ! Un ami, qui a l?habitude d?aller en Espagne, m?a ramené ces jouets éducatifs qui coûtent 1 200 DA. Les gens préfèrent ces voitures chinoises à 300 DA !», argue-t-il en précisant que souvent l?achat des jouets ne se fait jamais en famille. «Les parents viennent seuls alors que les enfants sont rarement accompagnés de leurs parents.»