Caution n La direction de la concurrence et des prix se veut rassurante en matière de jouets vendus dans nos magasins en brandissant les différents décrets et lois régissant ce commerce. Mais entre la théorie et la pratique, il y a tout un monde. La réglementation en vigueur sur les importations de jouets en Algérie oblige les importateurs à fournir une déclaration préalable et déposer un dossier technique dans leurs wilayas respectives bien avant l'importation du produit. «Le dossier qui sera soumis à l'étude comporte une fiche technique du jouet à importer et les résultats de l'analyse de la matière première du produit, et ce, bien avant son importation», assure Malek Kemache, chef de service du contentieux à la Direction de la concurrence et des prix (DCP). Le dossier est transmis, par la suite, à la Commission d'orientation scientifique et technique (Cost) pour une étude plus approfondie, selon lui. Pour obtenir une autorisation d'importation, le dossier de l'importateur doit impérativement être validé par la Cost. Outre cette mesure, «à chaque poste frontalier, il existe une inspection systématique des jouets importés avant la procédure du dédouanement», ajoute M. Kemache. Il s'agit d'un contrôle visuel du produit et des documents et c'est à la suite de cette vérification que le service du commerce jugera si le produit est conforme aux normes pour être admis dans le territoire national ou refoulé. Cette procédure qui semble théoriquement efficace a pourtant montré ses limites sur le terrain puisque nos trottoirs se transforment en un véritable déversoir de jouets à la qualité défectueuse, à l'approche notamment des fêtes religieuses. Une qualité qui laisse à désirer, mais qui trouve preneurs chez les couches démunies souvent à la recherche du prix le plus bas au mépris de toute autre considération. Reconnaissant cette réalité, notre interlocuteur explique que «ces jouets ne répondent pas aux normes exigées par la Direction du commerce. Ils rentrent illégalement par nos frontières, pour être écoulés sur le marché parallèle.» A ce titre, il citera l'exemple des jouets imitant les armes à feu, dont 82 pièces ont été saisies très récemment. «Ce genre de produit interdit à l'importation est facilement ‘'trouvable'' sur le marché grâce à certains réseaux spécialisés dans ce type de marchandise», affirme-t-il. M. Kemache tient à faire remarquer que la Direction du commerce a, à maintes reprises, tenté d'effectuer une enquête approfondie sur l'origine de ces jouets, mais «nos investigations sont restées vaines». Et pour cause, «nous sommes confrontés à un problème très complexe qui est celui de la facturation. Une situation qui ne permet guère de remonter à la source du produit prohibé, c'est pourquoi notre intervention s'arrête aux détaillants.» Notre interlocuteur attire, par ailleurs, notre attention sur un fait très important. A l'en croire, les jouets étalés à même les trottoirs et qui font le bonheur des enfants issus des familles à faibles revenus, «ne sont pas forcément importés. Ils sont fabriqués localement. Certains ateliers spécialisés dans la récupération du plastique, motivés par un marché très juteux, fabriquent ces jouets tout en prenant soin d'indiquer sur les étiquettes ‘'Made in'' …» Enfin, à la question de savoir si l'Algérie est concernée par la marque de jouets retirés ces derniers temps des marchés occidentaux, M. Kemache dira : «tant qu'il n'y a aucun bulletin d'alerte émanant du ministère de l'Intérieur ou de cas d'allergie ou d'intoxication à la suite de la manipulation d'un jouet, on ne peut pas procéder à une nouvelle campagne de contrôle ou de saisie.» Une approche partagée par Yacine Tanem, directeur d'études chargé de la communication et des relations publiques à la Direction générale des Douanes, qui affirme, pour sa part, qu' «il n'existe pas de contrôle ciblant particulièrement ces produits».