Retour Ils étaient nombreux dans une société à 90% analphabète. Leur nombre a commencé à diminuer comme celui des meddahs, des guérisseurs du souk? Désormais, ils réapparaissent. On les croyait à jamais disparus avec l?avènement des nouvelles technologies (Internet, fax, traitement de texte, imprimeries, photocopieurs?). Mais une simple virée du côté des bureaux de poste, des banques et des caisses d?assurances sociales, suffit à montrer que ces hommes de la plume sont toujours là et qu?ils ont leur place dans la société algérienne où le taux d?analphabétisme est toujours élevé et où des dizaines de milliers d?élèves quittent l?école avant d?avoir un niveau d?instruction qui leur permette d?écrire seuls dans l?une des deux langues : l?arabe et le français. La plupart de ceux qui exercent ce métier ont plus de 40 ans. Mais ils n?ont pas fait d?études supérieures et nombre d?entre eux ont le niveau de 4e année moyenne. En tout cas, la grande majorité est issue de l?école française. Les jeunes sont absents dans ce domaine. «La raison est simple, la nouvelle génération ne maîtrise pas les techniques de rédaction dans les deux langues», affirme un écrivain public. Mais qui a recours à eux ? «Tout le monde, affirme Saleh écrivain public à la place des Martyrs, de l?analphabète au cadre pressé. Dans certains cas, mes clients savent lire et écrire, mais ne savent pas rédiger, ou bien n?ont pas le temps de le faire.» Il affirme que le secrétariat représente trois quarts de son chiffre d?affaires. Mais pour lui, rédiger un curriculum vitae est un travail vraiment passionnant : «J?essaie de cerner l?identité de mon interlocuteur afin d?adapter mon écrit à la personne et à son destinataire. Et puis c?est souvent de cette façon que mes clients découvrent les autres services», explique-t-il. Il faut reconnaître cependant que l?essentiel du travail des écrivains publics est plutôt pragmatique : requêtes, recherches dans l?intérêt des familles, condoléances, demandes de logement, demandes d?emploi, de divorce, de grâce? Certains effectuent, par ailleurs, la correction de thèses, la mise en forme de manuscrits et prodiguent également des conseils sur des problèmes sociaux et juridiques. Ces multiples services nécessitent des compétences diverses. «Souvent les gens viennent me voir avec tous leurs papiers en me disant : réglez-moi ça», explique Saleh qui ajoute qu?«il faut alors décortiquer, classer, comprendre et surtout exposer le litige à l?organisme concerné. Trop souvent mes clients veulent écrire directement au président de la République».