Conclusions Un rapport met en exergue des irrégularités dans la gestion du programme destiné à l'Irak. «Un programme corrompu, entaché de nombreuses irrégularités.» Pour son premier rapport d'étape sur le scandale «Pétrole contre nourriture», Paul Volcker, le chef de la commission d'enquête nommée par l'ONU, n'a pas pris de gants. Dans un article publié par Le Wall Street Journal quelques heures avant la remise du document à New York, il a directement mis en cause le directeur du programme, le Chypriote Benon Sevan, l'accusant en substance d'avoir commis des irrégularités ayant abouti à une large fraude. Volcker assure qu'il existe «des éléments probants» montrant que le haut fonctionnaire onusien avait «enfreint de nombreuses règles» dans le processus de gestion des ventes de pétrole irakien. Selon lui, Benon Sevan s'est placé «dans un conflit d'intérêts incompatible (avec ses fonctions)» en négociant certains contrats. Ce rapport intérimaire représente le premier bilan d'un scandale qui secoue l'ONU depuis plusieurs mois. C'est l'année dernière que Kofi Annan, le secrétaire général des Nations unies, avait demandé à Paul Volcker, l'ancien gouverneur de la Banque centrale américaine, de mener son enquête. A l'époque, plusieurs journaux américains avaient révélé que Saddam Hussein était parvenu à détourner des milliards de dollars dans le cadre du programme «Pétrole contre nourriture» qui lui permettait de vendre des quantités limitées de pétrole pour acheter des biens de consommation courante. Bien plus grave, plusieurs fonctionnaires de l'ONU, qui supervisaient le programme, semblaient impliqués dans l'affaire. Au total, Saddam aurait ainsi pu vendre «illégalement» jusqu'à 8 milliards de dollars de pétrole grâce au versement de pots-de-vin. L'affaire a provoqué une véritable tempête à Washington. Dans une enquête parallèle publiée en octobre dernier, le chef des inspecteurs du désarmement américains en Irak, Charles Duelfer, assurait, pour sa part, que Benon Sevan faisait partie de «plusieurs douzaines de personnes» ayant perçu des pots-de-vin, sous forme de bons d'achat de pétrole. Duelfer affirmait encore que plusieurs compagnies russes, françaises et chinoises avaient bénéficié de ces ventes illégales et des largesses de Saddam. Ces révélations en série ont suffi pour que plusieurs élus républicains réclament ouvertement la démission de Kofi Annan. Celui-ci a déjà été interrogé trois fois par la commission Volcker, alors que son fils a, un moment, travaillé pour une firme suisse ayant profité d'un contrat. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir jusqu'où Paul Volcker va remonter dans son enquête. Il ne doit rendre ses conclusions définitives qu'à l'été.