Les Nations unies traversent une série de scandales depuis quelques mois. Une épreuve délicate attend, aujourd'hui le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, avec la publication d'un nouveau rapport sur le scandale «Pétrole contre nourriture». Pour cause, le rapport de mardi devrait se concentrer sur Kojo Annan, fils du secrétaire général de l'ONU et ancien salarié de la Cotecna, une société suisse sous contrat avec l'ONU et chargée d'inspecter les importations de marchandises en Irak dans le cadre du programme. En février, un rapport d'étape a établi que le directeur du programme, Benon Sevan, avait «nui à l'intégrité de l'ONU» en intervenant dans l'attribution de contrats, sollicitant des allocations de pétrole pour la société d'un ami auprès d'un régime de Saddam Hussein qui gagnait ainsi en potentielle influence. Curieusement, la publication dudit rapport d'enquête intervient au lendemain de la présentation par Kofi Annan de son rapport sur la réforme du conseil de sécurité de l'ONU. Un document, qui rappelons-le prévoit, outre l'élargissement du conseil de sécurité à 25 membres avec un nouveau membre, la codification du recours à la force dans les conflits internationaux. D'ailleurs, ce rapport d'enquête de la commission présidée par l'ancien chef de la Réserve fédérale américaine Paul Volcker, devrait critiquer pour la première fois frontalement M.Annan. Selon le quotidien des affaires, le Wall Street Journal de vendredi dernier, que le texte devrait reprocher à Annan des erreurs de jugement quant aux relations entre Kojo et une société travaillant pour le compte de l'ONU. Le scandale «Pétrole contre nourriture» est, depuis sa révélation en janvier 2004, une source d'embarras grandissant pour l'ONU et son secrétaire général. Selon le Financial Times, Kojo Annan a reçu au moins 300.000 dollars de la société et son père aurait rencontré les dirigeants de l'entreprise à deux reprises avant qu'elle ne décroche le contrat. Rappelons que le programme avait été mis en place pour permettre de 1996 à 2003 à l'Irak, alors sous embargo, de vendre du pétrole pour acheter des biens de première nécessité pour sa population. Le directeur de cabinet de M.Annan, Mark Malloch-Brown, a indiqué mercredi que ces rencontres n'avaient aucun rapport avec le contrat en question et il s'est dit convaincu que le rapport allait «exonérer le secrétaire général». Mais si les affirmations du Wall Street Journal sont avérées, le rapport Volcker risque d'attiser encore la controverse, alors que des parlementaires et des médias américains de droite ont déjà demandé la démission de M. Annan. Selon le journal, le rapport conclut que rien ne prouve que M.Annan soit intervenu dans l'attribution des contrats et l'exonère des accusations éventuelles de trucage du système d'attribution des contrats. Mais il estime qu'il n'a pas «prêté suffisamment d'attention aux conflits d'intérêts impliquant son fils.» Selon le WSJ, le rapport devrait aussi critiquer M. Annan pour n'avoir pas réussi à corriger rapidement les problèmes structurels à l'intérieur de la bureaucratie de l'ONU, qui ont pesé sur «Pétrole contre nourriture». Les Nations unies traversent une série de scandales depuis quelques mois, qu'il s'agisse d'abus sexuels commis en Afrique par ses personnels de maintien de la paix ou de la démission d'un haut responsable accusé de harcèlement. A travers cette nouvelle affaire c'est le secrétaire général de l'ONU en personne qui semble être visé. D'autant plus que des journaux américains s'arrogent le droit de demander le départ du patron de l'organisation onusienne.